Pourquoi les nouvelles technologies prennent des décennies pour changer l’économie

Image parNattanan Kanchanaprat de Pixabay

Imaginez que vous êtes un investisseur en 1919. Bien que des technologies naissantes comme l’électricité et le moteur à combustion interne existent depuis des décennies, les entreprises clés qui composent l’indice Dow Jones sont des entreprises comme American Sugar, Baldwin Locomotive et Central Leather. Pourtant, en 1930, elles auront toutes disparu de l’indice, remplacés par des sociétés comme Atlantic Refining, Radio Corporation of America et Procter & Gamble…

Bien que difficilement prédictible à l’époque, les années 1920 ont constitué le point d’inflexion. La disruption induites par ces technologies fut si importante que seulement 50 % des sociétés composant le Dow Jones faisaient toujours partie de l’indice une décennie plus tard. Même aujourd’hui, la soudaineté du changement peut sembler déroutante. Thomas Edison a construit sa première centrale électrique en 1882. General Electric est l’une des sociétés fondatrices du Dow Jones, en 1896. Alors pourquoi tout a explosé dans les années 1920 ?

Pourtant, le véritable changement n’est pas venu de la technologie, mais de l’état d’esprit. Une fois que les managers ont commencé à comprendre qu’avec l’électricité, leurs machines n’avaient pas besoin d’être disposées autour d’une source d’énergie centrale, ils ont commencé à optimiser l’agence des ateliers pour améliorer le flux de travail. Ce changement d’orientation du capital vers le processus a contribué à définir la pratique du management et de la productivité. Les technologies ont accéléré cette transformation. Les appareils électroménagers ont remplacé des heures et des heures de travail pénible. Les radios ont transformé la communication et aidé à améliorer la prise de décision commerciale. Ce n’est pas l’un ou l’autre de ces facteurs pris isolément qui a été décisif, mais la combinaison de ces facteurs qui a entraîné un boom de la productivité pendant 50 ans, et qui a duré jusqu’aux années 1970.

Chaque fois qu’une nouvelle technologie a le potentiel de changer le monde, nous avons tendance à concentrer notre attention sur ce qu’elle améliore directement. L’électricité donne une lumière plus propre et meilleure que les lampes au kérosène, certes. Pourtant, au-delà de l’invention en tant que telle, elle a marqué l’émergence d’un nouvel écosystème qui a boulversé le monde. Nous arrivons aujourd’hui à un point similaire.

Avec la fin de la loi de Moore, nous approchons de la fin de la révolution numérique et entrons dans une nouvelle ère d’innovation. Un certain nombre de technologies émergentes font leur apparition, comme l’informatique quantique, l’intelligence artificielle (IA), la biologie synthétique et la science avancée des matériaux. Ces inventions existent déjà, mais jusqu’à présent,  elles n’ont eu que peu d’impact mesurable. Au cours de la prochaine décennie, nous pouvons nous attendre à ce que cela change.

Dans le domaine de l’IA, qui est probablement celui dont l’impact est le plus proche dans le temps, nous avons déjà assisté à un passage massif de systèmes autonomes comme Watson d’IBM à un écosystème d’algorithmes et d’outils pouvant être personnalisés et mis au service d’applications industrielles et des processus spécifiques. On pourrait dire la même chose de toute technologie transformatrice. L’électricité et les ordinateurs ont été des catalyseurs de transformation, et non des transformations en soi. On peut s’attendre à la même chose de ces nouvelles technologies, qui n’en sont encore qu’à leurs balbutiements.

C’est pourquoi aujourd’hui, nous ressemblons probablement beaucoup aux investisseurs d’il y a un siècle, en 1919, qui voyaient de l’électricité tout autour d’eux, mais qui ne pouvaient imaginer les industries à créer. Néanmoins, ce sont les inventions secondaires, issues des écosystèmes, qui ont changé le monde au-delà de toute reconnaissance.

La suite ici (Greg Satell)

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Fondateur paris-singularity.fr👁️‍🗨️Entrepreneur social trackant les deep techs

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