L’imagination et les scénarios, ultimes recours à la révolution des NBIC

Écrire, inventer, imaginer… C’est le dada du scénariste, de l’écrivain, du penseur. En tant qu’autodidacte, je me suis confronté à pas mal d’embuches, d’erreurs, de réflexions sur le jeu de la prospective et de l’écriture.

Nous sommes accrocs aux scénarios

Quand on parle de « scénar  » on projette l’idée de « fiction », sur papier ou sur écran. Nous sommes littéralement submergés de fictions, que ce soit via l’hyper-promotion nationale de romans grand public, le tsunami industriel de séries tv, ou le bombardement de films hollywoodiens aux budgets astronomiques. Nous baignons en permanence  dans des flots de scénarios.

Ces scénarios se limitent-ils pour autant aux fictions, dites grossièrement de divertissement ? Non. Tout a besoin d’être scénarisé : un mode d’emploi pour meuble, une interface d’application, l’achat de boîtes de sardines au supermarché, les manuels d’écoles, les fêtes transnationales (type Noël) et locales (évènement entre amis/famille/collègues/voisins)… Nous n’en avons plus conscience. Pourtant quantité de processus qui sont anodins, mais indispensables de notre point de vue, sont en réalité pensés, scénarisés. Les objectifs peuvent être divers : financier, acquisition de crédibilité publique, rendre captif, améliorer l’expérience utilisateur (UX), accélérer ou ralentir, permettre de s’approprier des savoirs, des outils, etc. Ces scénarios sont « efficaces » lorsqu’ils sont quasi invisibles, et se déroulent par eux-mêmes. Prenez l’interface tactile des smartphones. Il y a des icônes, on clique dessus. Il y a une page à dérouler, on scroll. Ca vous parait « intuitif » et spontané, mais cela a été pensé et scénarisé.  » the medium is the message « . Il y a finalement des scénarios visibles  comme ceux dits de divertissements, de fictions, et aussi des scénarios « invisibles » (des supports qui communiquent par eux-mêmes) et qui rythment notre quotidien.

Nous sommes une suite successive d’histoires

Nous créons aussi en permanence des scénarios sur nos expériences de vie. Il y a les pré-scénarios : les scénarios que l’on attend/espère, comme par exemple d’atteindre un objectif, de tomber amoureux, d’avoir de bons amis… Et il y a des scénarios qu’on imagine après-coup ; par exemple après avoir réussit un examen important à l’université on va pouvoir se dire qu’on a bien travaillé, qu’on le mérite, qu’on va fêter ça, etc. On va post-scénariser la moindre chose, le moindre petit évènement pour l’intégrer à un flot identitaire. Parfois c’est utile. Parce que ça nous inscrit dans une dynamique positive, amplifie le plaisir, ou encore augmente nos capacités émotionnelles et professionnelles. Et parfois cela nous restreint, nous diminue, nous rend triste.

Nous sommes une suite successive d’histoires. Et nous avons besoin de vivre des scénarios. Trop simplifier aboutirait à les rendre froid, anonyme et stérile. Mais trop les compliquer nous rend fous (par exemple les démarches administratives. Les scénarios ne sont pas que des fictions séparées de nous.

Nous vivons dans une dictature du scénario

La création/production de scénarios pour les autres n’est jamais neutre. Que des millions de personnes aillent voir chaque nouvel épisode d’un blockbuster n’est pas anodin. Cela fait partie de nous, des identités de chacun partagées. On pense individuellement choisir d’aller voir ces films, mais quand des millions d’euros sont dépensés en promotion, c’est quelque chose de clairement imposé et descendant. On n’interagit pas, on ne choisit pas. Il s’agit d’une forme de dictature du scénario. Un objet est une sorte de pensée matérialisée, une théorie et/ou des émotions en matière sensible. De la même façon qu’une photo constitue un instantané d’un moment précis, les objets sont des instantanée en volume de période précise. Lorsqu’on crée un objet comme le smartphone ou une application, alors on scénarise la vie de millions voire milliards de gens. Le créateur doit se sentir responsable d’avoir fait de toutes ces personnes des cliqueurs-scrolleurs, admirateurs de vidéos de chats en brain-freeze. Donc, les scénarios visibles (fictions) ont des conséquences identitaires bien réelles mais qui passent inaperçues. Et les scénarios qui passent pour invisibles (objets et applis qui « communiquent » par eux-mêmes) ont des conséquences comportementales bien visibles.

Les technologies NBIC vont impacter nos façons de communiquer, de penser et donc d’appréhender le monde

On écrit et impose de plus en plus de scénarios de masse, à très grande échelle, avec un degré d’intimité de plus en plus poussé ; via les fictions, objets, applis. Il nous faut donc réaliser l’ampleur de cette « dépossession » scénaristique de nos vies. Les objets ne sont pas que décoratifs, utilitaires. Tout ce qu’on possède ne nous enrichit pas, ne nous renforce pas, ne nous « augmente « pas . Nous vivons dans une lutte permanente de souveraineté scénaristique. Il faut que les gens croient, ou soient portés à croire en une entité pour adhérer.  Il en va ainsi des pays, des entreprises, des startups, des industries, des institutions, des groupes, de la monnaie, des franchises cinéma…

Or, les objets technologiques créent un vide scénaristique. Ils nous économisent des déplacements et des efforts divers par moult automatisations/externalisations. Certains bouts de scénarios sont ainsi quasi définitivement détruits. Ces vides se remplissent parfois par défaut, par urgence. Mais lorsqu’une espèce de vide persiste, alors on crée des scénarios à tout va, comme les industries des séries. Mais cela ne suffira pas. D’autres objets physiques ou numériques vont venir chambouler le cours de nos histoires locales. Il faudra recréer des scénarios pour quantité d’interactions « effacées » ou « diminuées ».

Prenez les technologies de « réalité virtuelle », on va passer à du web en masse, à une interaction de plus en plus immersive et surtout transmédia. Plus que la prouesse technique, cela impactera nos façons de communiquer, et donc de penser, d’appréhender le monde. Des premiers signaux faibles le montrent. On n’a jamais autant créé d’histoires, en BD, en textes, en images, en son… Même si beaucoup ne seront jamais diffusées à grande échelle, cela ne remet pas en cause la valeur de ces créations. Lorsqu’elles seront intégrées au sein de réalités virtuelles, les scénarios seront d’autant plus puissants, personnalisés. Chacun pourra par exemple créer des objets 3D, réels et uniques.. Chacun pourra les scanner, les envoyer, les modifier, les répliquer, etc. Avec tout ce que cela comporte en interactions humaines et en production de scénarios et de connaissances, aussi bien spontanées que réfléchies !

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1 commentaire

  1. Qui est la personne en photo .
    Le mec dans la galaxie.
    Tous mes amis pensent que c est moi.
    J ai eté choqué aussi de la ressemblance.
    Merci

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