L’Europe a-t-elle trop attendu pour protéger sa souveraineté numérique ?

Image par PIRO4D de Pixabay

Les dirigeants européens se sentent à nouveau assiégés. Après avoir passé les dernières années à construire les défenses physiques de l’Europe contre les migrants, ils se voient maintenant confrontés à une sorte d’invasion moins tangible : les entreprises technologiques américaines qui dominent leurs marchés et qui aspirent les données personnelles de leurs citoyens.

Les préoccupations européennes concernant les entreprises technologiques étrangères vont bien au-delà du domaine du droit de la vie privée. L’un des griefs les plus fréquemment exprimés est le faible taux d’imposition, bien que légal, payé par les géants mondiaux de l’Internet en Europe, ce qui a entraîné un sentiment d’impuissance souveraine, malgré les efforts déployés en France et ailleurs pour imposer une taxe sur les services numériques. Un autre grief est l’incapacité évidente des entreprises européennes à égaler l’échelle et la domination du marché des fournisseurs étrangers de services dans le cloud.

La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est fait l’écho de ces sentiments. Ses orientations politiques pour la prochaine Commission européenne, publiées en juillet, insistent courageusement sur le fait qu' » il n’est pas trop tard pour atteindre la souveraineté technologique  » dans certains domaines de la technologie critique, notamment les algorithmes, les chaînes de blocs et l’informatique quantique.

Tempête dans les clouds

Mais la preuve du contraire est flagrante. 92 % des données du monde occidental sont stockées aux États-Unis. Six des dix plus grandes entreprises technologiques du monde sont américaines, aucune n’est européenne. En octobre, Paris et Berlin ont annoncé un nouveau projet, connu sous le nom de Gaia-X, pour connecter divers fournisseurs de cloud computing en Europe en utilisant des normes ouvertes, permettant ainsi aux entreprises et aux clients de déplacer leurs données librement au sein du réseau, sous réserve de normes communes de confidentialité et de sécurité des données.

Protéger les données des citoyens

Alors que de plus en plus d’entités gouvernementales en Europe confient les données du secteur public à des sociétés américaines de cloud computing et s’appuient de plus en plus sur leurs logiciels, l’inquiétude s’est accrue sur tout le continent quant à la capacité du gouvernement et des sociétés américaines à obtenir les données stockées par les Européens pour leurs propres besoins. Les gouvernements européens commencent à réagir au CLOUD Act d’une manière qui met l’accent sur les préoccupations en matière de souveraineté. En Suède, un organisme gouvernemental de numérisation – ESam – a statué que l’outsourcing des données du secteur public à des fournisseurs de services dans des services de cloud américains assujettis au CLOUD Act violerait la loi de ce pays sur l’accès du public à l’information et le secret.

Technologie et géopolitique

La politique, bien sûr, joue un rôle important dans tous ces contextes. En Europe, il est impossible de séparer complètement les considérations technologiques et juridiques des sentiments politiques concernant l’influence économique américaine et chinoise, comme le montre la controverse actuelle sur les réseaux de télécommunications 5G.

Les aspirations de l’Europe à la  » souveraineté numérique  » reflètent donc à quel point elle se sent prise dans la concurrence technologique américano-chinoise.

La suite ici (Kenneth Propp, the Atlantic Council)

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