Un convoi de camions autonomes vient de traverser l’Europe jusqu’au port de Rotterdam. Si la technologie va automatiser énormément d’emplois, elle va aussi booster l’efficacité économique du modèle de transport. 75% du coût actuel d’une traversé de Los Angeles à New York (4500$ soit 3970 € environ) est lié à l’humain. Mais cette économie brute n’est pas la seule.
Les chauffeurs routiers sont limités, par la loi, à un temps de conduite quotidien de maximum 11 heures avec de coupures d’au moins 8 heures. Les camions autonomes peuvent rouler 24 heures sur 24. Ils vont ainsi, pour 25% du coût actuel, doubler le rendement du réseau de transport américain.
La vitesse de croisière optimale, en terme d’efficacité énergétique est d’environ 45 miles par heure. Or, les chauffeurs sont payés au miles parcouru, ils vont donc le plus vite possible. Les flottes de camions autonomes qui intégreront des technologies pour optimiser l’écart entre camions permettront aussi de faire des économies de carburant.
Le transport routier représente une partie considérable du coût de tous les biens que nous achetons. In fine le prix des produits devrait mécaniquement baisser et augmenter le niveau de vie moyen.
En outre, les camions autonomes nous feront aussi faire de considérables gains en terme de sécurité routière. Cette année seulement, aux Etats-Unis, plus de gens seront tués dans des accidents de la circulation impliquant des camions que lors des accidents aériens domestiques des 45 dernières années combinées. Parallèlement en 2016, plus de chauffeurs ont été tués au travail, 835, que les travailleurs de toute autre profession aux États-Unis.
Même en mettant de côté les risques de sécurité directs, conduire un camion est un travail exténuant que peu de jeunes veulent encore faire. L’âge moyen d’un chauffeur est de 55 ans et il augmente chaque année. La pénurie de chauffeurs qui se dessinent incitera à l’adoption des camions autonomes.
Mais ces derniers auront aussi des effets négatifs, au moins pendant une difficile phase transitoire. 1,6 millions d’Américains travaillent comme chauffeurs. C’est le métier le plus répandu parmi les 29 Etats.
La perte sèche d’emplois pour 1% de la population active des Etats-Unis va porter un coup dévastateur à l’économie. Et les conséquences indirectes ne s’arrêtent pas là. L’écosystème du transport routier n’est pas limité aux chauffeurs. Les stations-service, les restaurants, les motels… auront du mal à survivre sans eux.
La dernière expérimentation en Europe démontre que les camions autonomes vont prochainement arriver. La principale barrière à l’entrée reste la législation. Nous pourrions aussi avoir besoin d’infrastructures adaptées. Les régulateurs seront naturellement réticents, principalement à cause du potentiel destructeur des camions autonomes sur les emplois.
Et pourtant, les avantages sont aussi tellement énormes que leur mise en circulation ne doit pas être interdite mais encadrée. Où en serions-nous si nous avions interdit l’agriculture mécanisée, au motif que la plupart des Américains travaillaient dans l’agriculture lors que les tracteurs et les moissonneuses ont été introduites au début du 20e siècle ?
L’automation n’est pas lointaine comme le montre l’exemple des camions autonomes. Elle doit dès maintenant être appréhendée et encadrée pour en tirer un maximum de bénéfices et en minimiser les dégâts.