Environnement : pourquoi les exploitations agricoles qui aspirent le carbone ne sont pas la panacée

deep tech innovation environnement
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Image par kangbch de Pixabay

L. Bardon . – Hypergiant Industries a utilisé des systèmes d’intelligene artificielle (IA) pour fabriquer un nouveau prototype de bioréacteur Eos, une boîte de 63 pieds cubes remplie d’algues. La startup déclare que sa solution absorbe autant de carbone que 400 arbres. M. Lauren FLETCHER ? Cet ancien de la NASA travaille sur le reboisement de la planète à grande échelle en utilisant des drones autonomes. Ses robots volants cartographient d’abord en 3D la zone à semer. Puis ils lancent  des«cosses biodégradables», contenant deux graines ainsi que des nutriments. Selon ses prévisions nous pourrions ainsi,  avec seulement 80 de ses engins, replanter 1 milliard d’arbres par an. Pour compenser les pertes dues à la déforestation, il faudrait planter 26 milliards d’arbres par an, soit 2080 drones. Pour autant, les possibles solutions technologiques au problème écologique ne doivent pas constituer les quelques arbres qui cachent la forêt.

Bon nombre d’entreprises, de politiciens et de protecteurs de l’environnement placent les exploitations agricoles qui aspirent le carbone comme la solution climatique du moment. Des entreprises comme BP, General Mills, Kellogg, Microsoft et Shell ont toutes annoncé des plans ou rejoint des initiatives qui obligeront leurs fournisseurs à adopter ces techniques ou à payer les agriculteurs qui le font pour obtenir des crédits dits de compensation. Ceux-ci permettent aux entreprises de réclamer des crédits pour le dioxyde de carbone extrait de l’atmosphère, sans réduire les émissions de leurs propres activités. En outre, plusieurs start-ups financées par du capital-risque ont mis en place des marchés de compensation des sols qui permettent aux entreprises et aux organisations à but non lucratif d’acheter des crédits aux agriculteurs. C’est le cas notamment d’Indigo Agriculture, qui a récolté plus de 850 millions de dollars à ce jour pour développer son activité de compensation des émissions de carbone dans les sols et d’autres activités.

Seul hic : il y a peu de preuves que ces fermes anti-carbone fonctionnent aussi bien que promis. Il n’est pas certain que ces pratiques puissent être appliquées sur de longues périodes et à grande échelle dans les exploitations agricoles du monde entier sans que la production alimentaire ne s’en trouve diminuée. Et il existe des désaccords importants sur ce qu’il faudra faire pour mesurer et certifier avec précision que les exploitations agricoles éliminent et stockent effectivement des quantités accrues de dioxyde de carbone.

L’idée de base de l’agriculture carbonée, ou agriculture régénérative, est que la photosynthèse agit comme une pompe à gaz à effet de serre, en extrayant le CO2 de l’air et en le transformant en sucres stockés dans les feuilles, les tiges et les racines ou excrétés dans le sol. L’espoir est que les agriculteurs puissent augmenter la quantité de carbone laissée dans les champs, grâce à des pratiques comme la plantation de plantes de couverture entre les récoltes et le semis de graines au lieu de retourner continuellement le sol par le travail du sol.

Cette solution est séduisante. Elle séduit les écologistes, soutient les exploitations agricoles familiales, crée de nouveaux marchés pour les organisations qui se saisissent du rôle d’arbitre… Cela signifie que les décideurs politiques et les organismes de normalisation doivent être d’autant plus attentifs à résister aux vœux pieux et à établir des règles et des processus rigoureux. D’ici le milieu du siècle, le monde pourrait devoir éliminer jusqu’à 10 milliards de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère chaque année, pour empêcher la planète d’atteindre 2˚ C, selon l’étude des National Academies. Il est donc essentiel d’explorer toutes nos options pour y parvenir, qu’il s’agisse de fermes, d’arbres ou de machines à éliminer le carbone. Mais cela signifie aussi que ces techniques et systèmes de compensation doivent fonctionner. Ils doivent mesurer avec précision les niveaux d’émissions qui sont extraites de l’air et stockées de façon permanente.

La suite ici (James Temple)

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