Ethique : pourquoi Facebook et Google ne changeront pas

Mark Zuckerberg a fêté la nouvelle année en s’engageant à s’attaquer aux nombreux maux qui affligent maintenant son entreprise en « s’assurant que les gens ont le contrôle de leurs informations » et en « s’assurant que nos services améliorent le bien-être des gens. » Les problèmes cités par Zuckerberg, y compris l’ingérence électorale et le discours haineux et la désinformation, sont des sous-produits issus des caractéristiques des réseaux sociaux.

Facebook aspire toutes les données comportementales pouvant être glanées, issues de chacun de nos mouvements (littéralement, en termes de localisation de nos téléphones), pour les transformer via l’intelligence machine en prédictions, pour apprendre à anticiper et même diriger notre comportement futur. Ces prévisions sont ensuite échangées sur des marchés. Le capitalisme de la surveillance a été inventé par Google. À l’époque, l’action clé était de savoir si un utilisateur allait cliquer sur une annonce publicitaire.

Les capitalistes de la surveillance dépendent de l’expansion continue de leur matière première (données comportementales) pour faire croître leurs revenus. Cet impératif d’extraction explique pourquoi Google est passé de la recherche web à l’email en passant par la cartographie et la construction de villes entières. C’est pourquoi Amazon a investi des millions pour développer l’Echo et Alexa. Un article datant de 2012, basé sur une collaboration entre Adam Kramer, spécialiste des données sur Facebook, et des chercheurs universitaires –  » A 61-Million-Person Experiment in Social Influence and Political Mobilization « , et publié dans la revue Nature, explique comment l’entreprise a intégré des indices liés au vote dans les fils de nouvelles de 61 millions d’utilisateurs Facebook pour tirer parti des processus de comparaison sociale, et influencer le comportement électoral dans la période précédant le milieu du mandat 2010. L’équipe a conclu que ses efforts avaient déclenché avec succès une « contagion sociale » qui a influencé le comportement dans le monde réel, avec 340 000 votes supplémentaires exprimés en conséquence.

Même si la publication de cette étude a déclenché un débat public houleux, le même spécialiste des données de Facebook collaborait déjà avec d’autres chercheurs universitaires à une nouvelle étude, « Experimental Evidence of Massive-Scale Emotional Contagion Through Social Networks ». Ces histoires illustrent l’indifférence radicale de Facebook. Facebook ne se soucie ni de la désinformation, ni de la santé mentale, ni d’aucune autre question figurant sur la liste des résolutions de Zuckerberg. Les utilisateurs ne sont pas des clients, pas plus qu’ils ne sont « le produit ». Ils ne sont que des sources gratuites de matières premières. Il devient urgent de développer les lois, le cadre réglementaire et les nouvelles formes d’action collective qui vont interrompre et interdire ces opérations d’extraction et de modification comportementale. Internet et plus globalement les technologies numériques doivent être exploités différemment.

La suite ici (Shoshana Zuboff)

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