La Chine peut-elle devenir une superpuissance scientifique ?

La Chine, puissance économique mondiale majeure, ambitionne d’avoir le même poids d’un point de vue géopolitique et militaire. Les dirigeants chinois considèrent ces progrès comme essentiels non seulement pour leur économie, mais aussi pour l’expansion des prouesses militaires et le progrès social. Ils veulent le genre de science qui aidera la Chine à accroître son pouvoir et à répondre aux problèmes spécifiques de sa population. C’est dans ce contexte que L’Empire du Milieu investit massivement dans la science.

Quelque part dans le quartier pékinois de Haïdien, qui abrite le ministère de la Science et de la Technologie ainsi que les universités de Tsinghua et de Pékin, un fonctionnaire semble cocher discrètement une liste de réalisations scientifiques et technologiques :

  • Vol spatial habité ? Fait
  • Vastes installations de séquençage du génome ? Fait
  • Flotte de navires de recherche ? Fait
  • Plus grand radiotélescope du monde ? Fait
  • Climatologues forant des carottes dans la calotte glaciaire de l’Antarctique ? Fait
  • Supercalculateur le plus puissant du monde ? Fait temporairement
  • Détecteurs souterrains de neutrinos et de matière noire ? Fait
  • Plus grand accélérateur de particules du monde ? En cours

Cette frénésie rappelle les années dorées de la « big science » de l’Amérique d’après-guerre. Au cours de ces 40 années, l’Amérique et, dans une moindre mesure, l’Europe ont fait des choses qui n’avaient jamais été faites auparavant. Ils ont ouvert de tout nouveaux champs de connaissances tels que l’astrophysique à haute énergie et la biologie moléculaire. Bénéficiant des générations les plus importantes et éduquées jamais produites, ces puissances ont également accueillies les esprits plus brillants du monde entier. Et elles l’ont fait dans un contexte culturel empreint de « liberté de questionner », une culture très différente de la culture communiste du bloc soviétique. L’essor de la science aux États-Unis a reposé sur une base institutionnelle et idéologique solide.

La Chine a importé des idées et des approches plutôt que des idéaux. Après l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978, les meilleurs étudiants chinois ont été encouragés à partir à l’étranger pour leurs études supérieures. En 2008, le pays a lancé le programme « Mille Talents » pour inciter ces exilés à revenir en multipliant les promesses en terme de moyens. Les talents qui n’ont pas été à l’étranger ne sont cependant pas négligés. Un programme mixte, « Changjiang Scholars », vise à identifier des chercheurs potentiels de haut niveau qui languissent dans des milliers d’institutions provinciales.

Certains scientifiques chinois craignent que la corruption et la culture du silence inhérente aux États autoritaires ne les empêchent d’atteindre les sommets qui auraient valeur de Nobel. D’autres sont moins pessimistes. La Chine joue dans le championnat scientifique depuis seulement une dizaine d’années. Ses investissements sont loin d’être terminés. La R&D en Chine représentait 2,07 % du PIB en 2015, contre 0,89 % en 2000. C’est plus élevé que la moyenne des Etats européens, mais plus bas que la France, l’Allemagne ou l’Amérique. Elle est beaucoup plus faible que dans les pays asiatiques tels que le Japon et la Corée du Sud. Une Chine consacrant autant de son PIB à la recherche que la Corée du Sud aurait un budget de R&D deux fois plus important qu’aujourd’hui. Avec des ressources de cette ampleur et une main-d’œuvre scientifique de plusieurs millions de personnes, l’effet d’entrave des institutions corrompues pourrait être surmonté par la force brute. Néanmoins, les grandes percées ne sont pas nécessaires et suffisantes pour qualifier le niveau de l’effort consenti. Il ne faut pas négliger le travail incrémentiel qui résout des problèmes pratiques. La recherche scientifique, impulsée par le haut, peut servir des objectifs nationaux ; et un système à parti unique peut apporter un soutien particulièrement cohérent à de tels programmes. Le programme lunaire de la Chine a développé ses capacités de façon constante, comme aucun programme occidental de sciences spatiales n’en a développé depuis Apollo, dont les résultats pourraient encore être à la hauteur de ceux d’Apollo.

La suite ici (The economist)

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