Alors que la crise Facebook/Cambridge Analytica bat son plein, les tensions risquent encore d’augmenter dès le 25 mai 2018, lorsque le Règlement général de l’Union européenne sur la protection des données entrera en vigueur.
Les combattants de la nouvelle guerre froide se battent pour la monnaie de l’ère moderne : les informations personnelles. Les batailles portent sur la question de savoir qui contrôle les données. Cette bataille opposent les sociétés qui estiment que chaque individu a le droit absolu de contrôler ses données personnelles et celles qui croient que les données personnelles sont un bien à échanger en libre marché libre.
L’UE défend fermement les intérêts de l’individu. Dans le coin opposé se trouvent les États-Unis et les géants américains qui échangent les données personnelles à des fins lucratives et dont les pratiques se sont largement développées sans réel contrôle ou contre pouvoir. Une idéologie place le contrôle des données personnelles entre les mains de l’individu, l’autre cède ce contrôle à l’entreprise. Une troisième approche réside dans le contrôle des données par l’État, ce qui se traduit par le système de crédit social en Chine par exemple. Aujourd’hui les données personnelles traversent les frontières beaucoup trop facilement pour que des modèles opposés puissent coexister.
Quelques semaines avant l’entrée en vigueur du RGPD, il est de plus en plus évident que l’approche de l’UE dominera. Plusieurs signes le démontrent comme la rapidité avec laquelle les pays du monde entier reconnaissent la suprématie de la norme de protection des données de l’UE en adoptant des modèles qui s’alignent étroitement avec le RGPD. Le nombre de pays ayant obtenu la reconnaissance officielle de l’UE de l’adéquation de leurs normes ne cesse de croître ; la Corée du Sud et le Japon rejoindront bientôt la liste. Même aux États-Unis, des signes illustrent un mouvement vers l’adoption de normes plus élevées en matière de protection des données.
Néanmoins, malgré le pouvoir croissant de la position de l’UE, plusieurs forces puissantes soutiennent la position de ceux qui feraient librement le commerce des données personnelles. Tout d’abord, bon de géants technologiques américains ne sont pas impatients de voir des changements systémiques. Le pouvoir économique de ces géants américains des données, Facebook, Google, Amazon, s’appuie sur le libre échange de données entre les individus en échange de services « gratuits ».