Au cours de la prochaine décennie, les progrès de l’intelligence artificielle (IA) nous permettront d’échanger avec des personnes mortes. De nouveaux programmes de chatbots sont en effet actuellement développés pour prolonger la « vie » une fois que notre corps a rendu l’âme.
Pour créer un bot « immortel », les données produites par un individu vivant, telles que ses emails personnels, ses tweets, ses messages et des ouvrages publiés, sont introduites dans un réseau neuronal artificiel. Ce « cerveau » numérique est alors capable de traiter et reproduire des nuances stylistiques orales ainsi que des modèles complexes de pensée pour imiter l’expression naturelle.
Mais les solutions « d’éternité augmentée » ambitionnent davantage que de simplement commémorer la mémoire d’un individu. Le bot va apporter une nouvelle dimension à l’éducation : l’immortalité. Imaginez pouvoir débattre de l’interprétation d’un sonnet shakespearien et être capable d’en clarifier la signification avec l’auteur lui-même. Ou assis dans la classe d’histoire, être en mesure de poser des questions à George Washington sur la Constitution. Mais cela pose un problème majeur, celui de la vie privée. Comment protéger la vie privée d’un individu tout en permettant aux étudiants d’avoir accès à des bibliothèques de cerveaux/bots numériques ? Interroger une personnalité éternelle augmentée sur les aspects intimes de leur ancienne humanité – leurs sentiments pour leurs proches, ou leurs secrets les plus embarrassants, par exemple – serait inapproprié et transgressif. Cette difficulté sera probablement surmontée au travers de la mise en place de sessions de discussion contrôlées et spécifiques à certains sujets.