Depuis 4 ans, la technologie d’édition d’ADN CRISPR transforme la science en facilitant la modification de la composition génétique des plantes et des animaux. Les possibilités offertes par CRISPR sont gigantesques et donc logiquement vivement contestées. La technologie va permettre à l’humanité, pour la première fois, de contrôler le patrimoine génétique des enfants en appliquant CRISPR aux embryons humains, aux spermatozoïdes ou aux œufs constitutifs de la « ligne germinale ».
Mardi dernier, un panel de l’Académie nationale des sciences, source nationale de conseils stratégiques sur la politique scientifique, a reconnu que l’humanité était sur le point de créer des enfants génétiquement modifiés. Le panel a recommandé de permettre la modification de la lignée germinale des êtres humains, sous certaines circonstances très précises pour empêcher la naissance d’enfants atteints de maladies graves. Malgré le langage prudent, l’approbation des premiers humains génétiquement modifiés pourrait se révéler politiquement explosive car elle met les experts de l’académie en opposition avec la législation existante en Europe et aux États-Unis ; ainsi qu’avec les mouvements publics qui s’opposent à l’idée de modifier le génome humain du fait de convictions religieuses ou pour d’autres raisons. Le rapport établit une distinction nette entre la modification des embryons et la modification de l’ADN des adultes et des enfants. Ce dernier processus, plus connu sous le nom de thérapie génique, est déjà en cours et une partie ne soulève pas les mêmes questions éthiques. Les scientifiques sont maintenant en course pour, grâce à CRISPR, optimiser les thérapies géniques sur les adultes, et traiter le cancer ou la dystrophie musculaire.