Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – La sous-traitance a constitué un premier pas vers la commoditisation des emplois pour de nombreuses entreprises. Par ailleurs, les processus de recrutement s’appuient aussi désormais davantage en première intention sur la commoditisation. Chacun d’entre nous est unique et se considère comme tel. Mais notre singularité, du fait de la numérisation au travers de plateformes comme LinkedIn, est peu à peu gommée au profit de l’automatisation et donc de l’uniformisation. Pour de nombreuses organisations, le prochain grand moteur de la commoditisation des emplois est l’automation induites par les machines intelligentes. Autrement dit, si un travail est considéré comme une « marchandise », il ne faudra pas longtemps avant qu’il ne soit automatisé.
La montée en puissance de l’IA menace d’éliminer des emplois autrefois considérés comme impossibles à automatiser. Une série d’articles rédigés par des chercheurs d’Oxford il y a une dizaine d’années classait les emplois en fonction de leur potentiel d’automatisation. Les courtiers immobiliers, les experts en sinistres et les arbitres sportifs étaient identifiés comme parmi les plus susceptibles de disparaître, parce qu’ils exécutent des tâches que l’IA peut accomplir pour de moins en moins cher. Maintenant, certains emplois dits à haute valeur ajoutée sont également commoditisés. Des algorithmes sophistiqués ont commencé à remplacer les traders financiers et les gestionnaires de fonds d’investissement. Or, l’Histoire montre que lorsque la technologie remplace les tâches exercés par les gens dans le cadre de leurs emplois, ils se révoltent. L’industrialisation dans l’Angleterre du 19ème siècle, par exemple, a donné naissance à l’activisme luddite. Malheureusement, l’Histoire suggère également que les protestations de populations marginalisées ne résoud pas pour autant le problème sous-jacent. L’armée britannique a supprimé les Luddites; le gouvernement a adopté des lois pour protéger le matériel d’usine et l’industrialisation a perduré. Comme théorisé par Marx, dans une société capitaliste, le gouvernement est coopté par les classes les plus riches.
Il y a 5 ans, un rapport questionnait les conclusions de l’Université d’Oxford qui prédisait que 35% des emplois au Royaume-Uni pourraient devenir obsolètes à cause des nouvelles technologies. Ce nouveau rapport concluait que l’IA et la robotique pourraient améliorer le marché du travail au Royaume-Uni, à condition que l’automation ait lieu selon des termes choisis et maîtrisés. Cela suppose d’intervenir tout au long du cycle de vie de la technologie. Il est notamment recommandé : aux employeurs de co-créer des stratégies d’automatisation avec leurs employés, aux entreprises technologiques de prendre le lead pour définir et porter un cadre éthique, au gouvernement d’établir des comptes de formation personnels qui permettraient la formation en continue tout au long de sa vie. Plus important, le rapport recommandait aussi d’ouvrir un débat public sur la propriété des machines et de la façon de répartir leurs produits de manière plus équitable. Alors que pendant une grande partie de notre Histoire, nos problèmes se sont essentiellement concentrés sur la rareté de ressources, le nouvel âge de la machine pourrait nous faire entrer dans l’ère de l’abondance. La question critique est de savoir si nous aurons le courage politique et la conviction nécessaire pour partager sagement la richesse de cette ère sans précédent.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Yokogawa Electric Corporation et JSR Corporation annoncent la conclusion réussie d’un test en conditions réelles : une IA a été utilisée pour faire fonctionner de manière autonome une usine chimique pendant 35 jours. C’est une première mondiale.
Cet essai a confirmé que l’apprentissage par renforcement pouvait être appliquée en toute sécurité dans une usine réelle pour contrôler des opérations qui dépassent les capacités des méthodes de contrôle existantes (contrôle PID/APC) et qui nécessitaient jusqu’à présent l’actionnement manuel des vannes de contrôle sur la base des jugements humains. L’initiative décrite a été sélectionnée pour le programme de subvention des projets 2020 pour la promotion de la sécurité industrielle avancée du ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie.
Dans les industries de transformation, le contrôle couvre un large éventail de domaines, du raffinage du pétrole et de la pétrochimie aux produits chimiques à haute performance, en passant par les fibres, l’acier, les produits pharmaceutiques, les denrées alimentaires et l’eau. Tous ces domaines impliquent des réactions chimiques et d’autres éléments qui exigent un niveau de fiabilité extrêmement élevé. Dans cet essai sur le terrain, la solution d’IA a réussi à gérer les conditions complexes nécessaires pour garantir la qualité du produit et maintenir les liquides dans la colonne de distillation à un niveau approprié tout en utilisant au maximum la chaleur résiduelle comme source de chaleur. Ce faisant, elle a stabilisé la qualité, obtenu un rendement élevé et économisé de l’énergie.
Compte tenu des nombreux phénomènes physiques et chimiques complexes qui influent sur les opérations dans les usines réelles, il existe encore de nombreuses situations où des opérateurs expérimentés doivent intervenir et exercer un contrôle. Même lorsque les opérations sont automatisées à l’aide de la commande PID et de l’APC, des opérateurs très expérimentés doivent interrompre la commande automatisée et modifier la configuration et les valeurs de sortie lorsque, par exemple, un changement soudain se produit dans la température atmosphérique en raison de précipitations ou d’un autre événement météorologique. C’est un problème courant dans les usines de nombreuses entreprises. En ce qui concerne la transition vers l’autonomie industrielle, un défi très important a été d’instituer un contrôle autonome dans des situations où jusqu’à présent l’intervention manuelle était essentielle, et de le faire avec le moins d’effort possible tout en assurant un niveau élevé de sécurité. Les résultats de ce test suggèrent que cette collaboration entre Yokogawa et la JSR a ouvert une voie vers la résolution de ce problème de longue date.
