Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – L’idée de télécharger une expérience synthétique dans un esprit existe depuis au moins 75 ans (Matrix, bien sûr, mais aussi la plupart des œuvres de Philip K. Dick, le cyberespace, le Metaverse, le magnétophone dans le film Brainstorm de 1983, le dispositif d’interférence quantique supraconducteur dans le film sous-estimé Strange Days datant de 1995). Mais dans la vie réelle nous en sommes loin. Les neuroscientifiques peuvent décoder le signal qui sort du cerveau suffisamment bien pour faire bouger un curseur ou un bras robotique, mais ils ne peuvent pas atteindre l’élégance fluide d’une connexion biologique. Le signal entrant est encore plus délicat. Si les neurochirurgiens sont très bons pour implanter des électrodes, le problème principal est de savoir où les placer. Un minuscule groupe de cellules peut prendre en charge une partie d’une tâche donnée, mais les groupes interagissent entre eux, et c’est la formation et la reformation de ces réseaux qui contribuent à la cognition. Si vous essayez de tromper un esprit pour qu’il perçoive une entrée construite comme la réalité, vous devez comprendre ce que font indivuellement chaque neurone, ce que font les gros groupes de neurones, et comment ils sont tous liés les uns aux autres. Ce qui s’avère d’une complexité effrayante.
Pour certains neuroéthiciens, nous allons avoir besoin de règles, et rapidement, sur la façon dont les données sur le cerveau sont recueillies, stockées et utilisées. La recherche sur les interfaces cerveau-ordinateur s’est accélérée à mesure que les entreprises de haute technologie se sont lancés. Juillet 2019, Neuralink, une société créée par Elon Musk travaillant sur la création d’une interface cérébrale a déclaré espérer implanter des électrodes dans le cerveau de volontaires paralysés d’ici deux ans. Les conditions sont-elles réunies pour faire confiance aux entreprises technologiques en leur ouvrant une fenêtre dans notre cerveau ?
Dans le passé, capturer les informations liées à une personne ou analyser les déclarations d’une personne pour établir un diagnostic reposait sur les compétences, l’expérience et les opinions de chaque psychiatre. Mais grâce à l’omniprésence des smartphones et des médias sociaux, le langage des gens n’a jamais été aussi facile à enregistrer, numériser et analyser. De fait, un nombre croissant de chercheurs passe au crible les données que nous produisons (de notre choix de langue ou de nos habitudes de sommeil à la fréquence à laquelle nous appelons nos amis et à ce que nous écrivons sur Twitter et Facebook) pour rechercher des signes de dépression, d’anxiété, de trouble bipolaire et d’autres syndromes.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Un EEG est une chose délicate. Dans une configuration standard, le cuir chevelu d’une personne est recouvert de nombreuses électrodes enduites d’un gel gluant pour réduire le bruit électrique. Une fois collées sur la tête d’une personne, les électrodes peuvent détecter le moment où d’énormes cohortes de neurones s’activent ensemble, produisant des signaux dans différentes bandes de fréquence. Un EEG peut ainsi révéler à peu près ce que fait le cerveau : différentes fréquences correspondent à des phases de sommeil, de repos ou de concentration intense.
La startup NextSense a pour objectif de vendre des oreillettes capables de collecter un grand nombre de données neuronales et de dévoiler une partie des mystères de notre cerveau. La startup se concentre sur la santé cérébrale : améliorer le sommeil, aider les patients épileptiques et, à terme, enrichir la vie des personnes souffrant de diverses maladies mentales. Les fondateurs espèrent amasser une incroyable masse de données, dans laquelle ils découvriront les modèles cachés de la santé mentale.
NextSense prévoit de soumettre son dispositif à l’approbation de la FDA cette année. La startup a prévu de concevoir un moniteur cérébral destiné au mass-market, capable de générer d’énormes quantités de données liées aux performances quotidiennes du cerveau. Berent et son équipe imaginent un appareil polyvalent capable de diffuser de la musique et des appels téléphoniques comme les AirPods, d’optimiser le son comme le fait une prothèse auditive et de surveiller votre cerveau pour vous donner une idée de votre humeur, de votre attention, de vos habitudes de sommeil, etc.