L. Bardon . – Une nouvelle philosophie, le dataïsme, estime que la libération du flux de données pourrait être la clé du déclenchement de la plus grande révolution scientifique de l’histoire de l’humanité. Dans son livre Homo Deus de 2016, Harari décrit le dataïsme comme une nouvelle forme de religion qui célèbre l’importance croissante du big data. Selon lui, l’univers donne plus de valeur et de soutien aux systèmes, aux individus et aux sociétés qui contribuent le plus fortement et le plus efficacement au traitement des données. Actuellement, les universités et les entreprises qui recherchent des solutions médicales doivent payer très cher pour organiser des essais cliniques et trouver des personnes qui répondent à leurs besoins. Mais si toutes nos biodonnées étaient librement agrégées, une IA pourrait “surveiller toutes les personnes ayant le cancer”, et grâce au flux constant de données provenant de la population mondiale, un programme d’apprentissage machine pourrait facilement détecter un pattern et créer un remède adapté. De tels gains exponentiels représentent le “Graal” du dataïsme. Malheureusement, comme l’a souligné Harari, la montée du datisme signifie que ” l’humanisme est maintenant confronté à un défi existentiel et l’idée du ” libre arbitre ” est menacée “.
La Chine va accélérer la mise en place d’un marché des données, surnommé le nouveau pétrole de l’économie numérique, afin qu’elles puissent être évaluées et échangées comme des marchandises ordinaires, selon un plan détaillé qui expose la manière dont le pays veut construire un système de marché moderne de “haute qualité”, récemment publié par Pékin. Bien que le plan ne précise pas à qui appartiennent les données, quel type de données peut être échangé ou quel sera le mécanisme d’échange, l’année dernière, Pékin a inscrit les données comme nouveau facteur de production, au même titre que la terre, la main-d’œuvre, le capital et la technologie.
En 2020, le gouvernement a demandé à Shenzhen de prendre l’initiative d’établir un échange de données. Cependant, la question s’est avérée si compliquée que les règlements sur les données élaborés par la ville l’été dernier, qui attribuaient la propriété des données personnelles aux individus et celle des données publiques à l’État, ont déclenché une énorme controverse. Après la fin de la sollicitation d’avis en août, le projet a été soumis à l’approbation de l’assemblée législative de Shenzhen, mais il reste en discussion. Dans le cadre du nouveau plan d’action, récemment publié par le Parti communiste au pouvoir et le Conseil d’État, les autorités étudieront les moyens d’accélérer la formation d’un marché des données et de créer des normes sur les droits de propriété des données, le commerce, la transmission et la sécurité. Les autorités établiront également une liste de responsabilités pour renforcer le partage et l’échange de données entre les régions et les ministères. Selon le plan, la Chine devrait participer activement à la formulation de règles et de normes internationales sur les données.
La suite ici (Iris Deng et Che Pan)
