Decentraland : pourquoi les investisseurs s’arrachent les terrains virtuels d’une ville fantôme du Metaverse ?

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Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.

Pourquoi cet article est intéressant ?  L. Bardon . – Et si les jeux mettant en scène de “biens immobiliers numériques” généraient des bulles de spéculation immobilière numérique faisant perdre aux joueurs, aux développeurs et aux investisseurs d’importantes sommes d’argent ? L’immobilier numérique n’est pas un phénomène nouveau. Or l’histoire montre régulièrement que lorsque le “terrain numérique” ressemble suffisamment aux propriétés économiques d’un terrain physique, on assiste à une spéculation foncière numérique, à des crises immobilières numériques, voire à de véritables récessions numériques.

❌ Des spéculateurs vont acheter toutes les terres et les conserver. Si conserver cet actif rare, dont tout le monde a besoin et qu’on veut, ne génère aucun coût ou charge, et si cet actif prend de la valeur de manière prévisible, les spéculateurs vont simplement s’asseoir dessus et regarder le prix s’envoler. Cela aura un effet négatif sur l’ensemble de l’économie du jeu et les spéculateurs s’enrichiront aux dépens de tous les autres. Ultima Online, Final Fantasy XIV et EVE Online sont tous des exemples marquants de mondes virtuels dotés d’économies internes sophistiquées qui ont tous souffert d’une pénurie de terres numériques alimentée notamment par la spéculation.

 ✅Les créateurs de mondes virtuels sont libres de fixer les règles comme ils l’entendent, mais plus les terres numériques commencent à ressembler aux terres physiques, plus les dommages causés par la spéculation foncière numérique s’aggravent. Aucune loi physique n’empêche de créer davantage de terrains numériques. Il s’agit donc d’un choix délibéré, fait par le propriétaire de la plateforme, visant à maintenir la rareté des terrains numériques. Si vous vous êtes engagé dans un monde virtuel avec la promesse de terres numériques rares, où la terre est un facteur de production nécessaire, et où la valeur de la terre augmente proportionnellement à sa proximité avec des centres de population, alors vous devez probablement imposer une taxe sur la valeur des terres numériques pour vous assurer que les seules personnes qui tentent d’acquérir des terres sont celles qui ont l’intention d’en faire quelque chose de valable. Surtout si vous avez fondé tout votre monde virtuel sur le principe de la création d’une “économie distribuée” où les joueurs “construiront le Metaverse ensemble”.

🌊Le présent est la bêta version du futur.


Synthèse

En octobre 2021, Facebook a annoncé son nouveau nom, Meta, soulignant ainsi l’investissement de l’entreprise dans le Metaverse. Le coup de projecteur mondial sur le metaverse a bouleversé la réalité quotidienne de Decentraland. La valeur de sa cryptomonnaie, le Mana, a bondi de 287 % le lendemain du changement de nom de la marque Facebook, atteignant un sommet de 5,48 $ en novembre 2021. Les investisseurs et les marques ont rapidement suivi.

Puis, fin mars 2022, Decentraland, le Metaverse basé sur la blockchain le plus médiatisé, a organisé sa propre Fashion Week, un monument d’art, de musique et de couture virtuels qui a accueilli 108 000 visiteurs uniques en quatre jours.  L’événement a été, d’une certaine manière, une approbation de la technologie blockchain par les grandes marques. Esteé Lauder a distribué gratuitement 10 000 NFT ( actifs numériques non fongibles) de wearables lumineux déstinés à des avatars. Dolce & Gabbana a organisé un défilé pour présenter ses nouveaux produits numériques. L’artiste musicale Grimes a joué un DJ set via un avatar conçu par la maison de mode Auroboros. L’événement s’est déroulé dans le « Luxury Fashion District » de la plateforme, où une parcelle de 16 mètres carrés peut se vendre jusqu’à 15 000 dollars.

Mais l’effervescence qui a entouré la Semaine de la mode ne reflète pas la réalité de Decentraland : environ deux ans après le lancement de ce Metaverse par des développeurs argentins, cet universe demeure peu peuplé et sous-développé. En dehors d’événements comme la Fashion Week, Decentraland ne reçoit qu’environ 25 000 visiteurs par jour, selon ses propres données internes.  Ce manque d’engagement n’empêche pas les investisseurs de se précipiter pour acheter des biens immobiliers de Decentraland ou de conclure des partenariats avec de grandes marques. Si la plateforme a été créée dans un esprit de gouvernance communautaire et d’accessibilité, bon nombre des dix employés, utilisateurs et investisseurs immobiliers numériques de Decentraland, anciens et actuels, qui se sont entretenus avec Rest of World ont laissé entendre que l’afflux de capitaux menace l’avenir égalitaire de l’utopie numérique.

Le défi dans une DAO comme celle de Decentraland est le suivant : le pouvoir de vote est aujourd’hui proportionnel à la quantité de terres ou de mana que les gens contrôlent.

Les personnes présentes sur le serveur Discord du groupe s’interrogent donc concernant l’impact de ce type d’influence financière et sur le déséquilibre de pouvoir que ce sytème créait. Les changements proposés qui rendraient Decentraland plus compétitif par rapport à d’autres plateformes de type Metaverse, comme la réduction du coût d’entrée pour les créateurs, font souvent l’objet de refus, du fait du « véto » d’investisseurs qui ont de l’argent à dépenser. De fait, il existe ainsi des tensions entre les entreprises qui veulent développer Decentraland afin d’attirer plus d’utilisateurs et les entreprises qui détiennent des terrains et n’en font rien.

Même si le nombre d’utilisateurs a augmenté de 3 300 % en 2021, les chiffres de Decentraland font encore pâle figure par rapport à d’autres plateformes comme Roblox ou même Second Life, qui a presque vingt ans.

La suite ici (Leo Schwartz)

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