L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) constitue le défi le plus important auquel sont confrontés les systèmes socio-économiques d’aujourd’hui. Si l’IA reste sous le contrôle des forces du marché, il en résultera inexorablement un oligopole de milliardaires des données qui collecteront la richesse créée par des robots qui se substituent au travail humain, potentiellement en engendrant un chômage massif. Mais l’économie de marché socialiste de la Chine pourrait apporter une solution à ce problème. Si l’IA alloue rationnellement les ressources en analysant les montagnes de données, et si des boucles de rétroaction robustes peuvent supplanter les imperfections de » la main invisible » tout en partageant équitablement la vaste richesse qu’elle crée, une économie planifiée qui fonctionne réellement pourrait enfin être réalisable. Plus l’IA progresse et devient une technologie à usage général qui imprègne chaque coin de notre vie, moins il est logique de la laisser entre les mains d’entreprises privées qui défendront les intérêts d’un petit nombre au détriment de la majorité.
L’idée que le capitalisme numérique fera en quelque sorte du bien-être social une priorité relève d’ores et déjà révélée d’un conte de fées. Les milliardaires de Google et Apple, qui déposent les bénéfices de leurs entreprises dans des paradis fiscaux pour éviter l’imposition, ne sont guère des modèles de responsabilité sociale à date. Le scandale en cours autour du modèle d’affaires de Facebook, qui fait passer la rentabilité avant la citoyenneté responsable, est un autre exemple de la façon dont, dans le capitalisme numérique, les entreprises privées s’occupent de leurs propres intérêts aux dépens du reste de la société.
C’est l’omniprésence de l’IA qui mettra fin à la domination du marché. Le marché peut raisonnablement fonctionner de façon inégale si l’industrie crée des opportunités d’emploi pour la plupart des gens. Mais lorsque l’industrie produit essentiellement du chômage, alors que les robots prennent de plus en plus de place, il n’y a pas d’autre alternative que l’Etat. Comme l’IA envahit la vie économique et sociale, toutes les questions de droit privé deviendront bientôt publiques. De plus en plus, la réglementation des entreprises privées deviendra une nécessité pour maintenir un semblant de stabilité dans des sociétés en proie à l’innovation constante. Je considère ce processus historique comme un pas de plus vers une économie de marché planifiée.