Si la transplantation d’organes est un des plus beaux succès de la médecine moderne, la procédure est freinée par la rareté des organes. 429 patients britanniques en attente d’un organe sont ainsi morts en 2014. 807 ont été supprimés de la liste d’attente car leurs états de santé devenaient trop graves. Des scientifiques travaillent sur une nouvelle technique pour résoudre ce problème en faisant pousser des organes humains à l’intérieur de cochons. L’ADN permettant à l’embryon de cochon que son pancréas pousse est supprimé, puis des cellules souches humaines sont injectées dans l’embryon. L’idée n’est pas nouvelle. La probabilité de rejet est moins élevée car l’organe du cochon et des humains est proche. Concrètement les scientifiques créeraient des chimères. Ce qui pose la question suivante : avons-nous le droit de créer des hybrides humain-animal ? Même sans interventions technologiques de notre part, nous partageons une grande partie de notre ADN avec d’autres espèces. Nous sommes porteurs de millions de cellules non humaines et avons probablement absorbé une partie de leurs ADN. Est-ce que de telles expériences posent malgré tout un problème éthique ?
En considérant que les cochons et le bétail en général est régulièrement tué pour nous nourrir, il serait étrange d’interdire leur utilisation dans le cadre de la mise au point de traitements médicaux pouvant sauver des vies. D’autres approches telle que la culture d’organes en laboratoire pourrait apporter les bénéfices de la technique de la chimère sans pour autant poser les problèmes du bien être des animaux. D’ici là nous ne devrions pas nous dérober au choix difficile entre le bien être humain et celui de l’animal. Si les risques peuvent être suffisamment contrôlés alors il est difficilement envisageable que la société choisisse de se passer d’une technique pouvant potentiellement sauver des vies humaines.