IA : les Etats-Unis auraient maintenant au mieux 6 mois d’avance sur la Chine

En 2012, le projet phare Google Brain a mobilisé 16 000 cœurs de microprocesseurs pour exécuter des algorithmes capables d’apprendre à identifier un chat. L’exploit a été accueilli comme une percée dans le domaine de l’apprentissage en profondeur. Un an plus tard, Yunji et son frère, Chen Tianshi, qui est maintenant PDG de Cambricon, se sont associés pour concevoir une nouvelle architecture de puce qui pourrait permettre aux appareils portables de rivaliser avec cette prouesse et leur permettre de reconnaître les visages, naviguer sur les routes, traduire les langues, repérer les informations utiles ou identifier les « fausses nouvelles ». Les frères Chen sont de l’avis général parmi les leaders dans ce domaine. Leur puce Cambricon-1A a été lancé commercialement l’automne dernier dans un smartphone Huawei considéré comme le premier  » vrai téléphone  » au monde intégrant de l’intelligence artificielle (IA).

Des avancées aussi révolutionnaires loin de la Silicon Valley étaient difficiles à imaginer il y a seulement quelques années. L’été dernier, le Conseil d’État chinois a publié un ambitieux projet  politique appelant le pays à devenir  » le premier centre mondial d’innovation en matière d’IA  » d’ici 2030, date à laquelle, selon ses prévisions, l’industrie de l’IA du pays pourrait atteindre 150 milliards de dollars. Au cours des derniers mois, le gouvernement central et l’industrie chinoise ont multiplié les initiatives d’IA. La Chine va par exemple construire un parc technologique autour de l’IA à hauteur de 2,1 milliards de dollars dans la banlieue ouest de Pékin. Les chiffres bruts des investissements consentis penchent en faveur de la Chine : les dépenses totales du gouvernement américain pour les programmes d’IA non classifiés en 2016 s’élevaient à environ 1,2 milliard de dollars, selon In-Q-Tel, une branche de recherche de la communauté du renseignement américaine.

Les avantages de la Chine en matière d’IA vont au-delà. En raison de sa taille, du dynamisme du commerce en ligne et des réseaux sociaux, et de la faible protection de la vie privée, le pays est noyé sous les données, le « carburant » des systèmes d’apprentissage en profondeur. L’effort académique place aussi la Chine loin devant les États-Unis, jusque là leader dans la recherche sur l’IA. Dans un éditorial paru il y a quelques semaines dans le Boston Globe, Eric Lander, président du Broad Institute de Cambridge, Massachusetts, a averti que les États-Unis avaient au mieux six mois d’avance sur la Chine en matière d’IA.

La concurrence mondiale féroce dans le domaine de l’IA a des inconvénients.

Les départements d’informatique des universités sont en train de s’écrouler phagocyter par les entreprises qui « braconnent » les meilleurs talents. Des pays cherchent à exploiter les progrès de l’IA à des fins de surveillance et de censure, ainsi qu’à des fins militaires.

Tout comme le pétrole a alimenté l’ère industrielle, les données alimentent les progrès de l’ère de l’IA. Beaucoup de progrès de l’intelligence artificielle sont  » davantage liés au fait d’avoir une grande quantité de données continuellement mises à jour et de suffisamment de chercheurs capables de les utiliser ces données. Et la Chine, comme l’a dit récemment The Economist, est « l’Arabie saoudite des données ».

Chaque fois que quelqu’un entre une requête de recherche dans Baidu (Google chinois), paie au restaurant avec son portefeuille WeChat, achète sur Taobao (Amazon chinois), ou attrape un taxi Didi (Uber chinois), ses données d’utilisateur peuvent être transmises dans des algorithmes pour améliorer leur précision. Si le phénomène est similaire aux États-Unis, la Chine compte maintenant 751 millions de personnes en ligne, et plus de 95% d’entre elles accèdent à Internet à l’aide d’appareils mobiles, selon le China Internet Network Information Center. En 2016, les transactions de paiement mobile chinoises ont totalisé 5,5 billions de dollars, soit environ 50 fois plus qu’aux États-Unis cette année-là, estime iResearch, une société de conseil à Shanghai, en Chine.

La suite ici (Christina Larson)

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