En 2010 le monde des biotechnologies a assisté à la naissance d’une entreprise privée chinoise s’étant dotée de 128 séquenceurs ADN à l’état de l’art. Cette commande a conféré à une seule institution plus de capacité de séquençage que celle combinée de l’ensemble des universités, des instituts de recherche et des entreprises. BGI était née. D’abord fondée en tant qu’institut de recherche indépendant non gouvernemental, BGI affiche pourtant dès 1999, sans disposer du moindre séquenceur, sa volonté de séquencer le génome de 50 000 humains. Cette culture du risque a été instillée par son ex CEO, Wang Jun, qui depuis s’est lancé dans l’intelligence artificielle à la tête d’une startup déjà évalué à un milliard de dollars : iCarbonX. Pour Wang, utiliser les capacités de l’intelligence artificielle pour résoudre les problèmes biologiques n’est pas seulement important, mais absolument essentiel. Dans une étude récente menée sur un demi million de personnes, les scientifiques de BGI et iCarbonX ont identifié 13 « superhéros » génétiques en bonne santé, pourtant porteurs de gènes qui auraient du leur causer de graves problèmes. L’objectif d’iCarbonX est de séquencer les génomes de 100 millions de personnes. Pourquoi ? Parce que selon Wan, un tel volume de données nous permettra de disposer une capacité prédictive suffisante pour passer d’un modèle de santé curatif à un modèle prédictif. Selon lui, nous disposerons, dans le futur, de versions digitales de chaque humain, d’un avatar sur qui nous pourrons simuler n’importe quelle modification pour en mesurer les effets sur notre espérance de vie.
