Lancé en 2016, le MGE visait à égaler la portée de l’initiative Materials Genome Initiative aux États-Unis, un programme fédéral de 250 millions de dollars lancé pour trouver des applications industrielles à la science des matériaux avancés. Les noms de ces programmes ont été choisis pour établir une analogie avec des « superprogrammes » biologiques tels que le Projet du génome humain. Dans les grandes lignes, les décideurs politiques chinois veulent surtout faire un meilleur usage de l’information stockée dans les bases de données du pays sur le comportement des matériaux, afin que de nouveaux matériaux puissent être développés. Mais les chercheurs n’en sont encore qu’à leurs débuts. L’objectif final du MGE est de développer une plate-forme logicielle centrale et intelligente d’exploration des données à destination des entreprises impliquées, par exemple, dans la fabrication automobile, la sidérurgie et la construction navale.
Le financement de la science des matériaux en Chine a quadruplé depuis 2008, et ce domaine reçoit le deuxième niveau de financement le plus élevé de la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine (NSFC), juste derrière les sciences médicales. Le nombre la recherches en science des matériaux en Chine a augmenté en conséquence. Selon les données du Web of Science, le nombre d’articles sur le sujet a plus que triplé entre 2006 et 2017, pour atteindre environ 40 000. En 2018, le NSFC a injecté plus de 2 milliards de yuans dans 701 projets, dont le MGE et des travaux sur la nanotechnologie et les matériaux électroniques avancés. La même année, le Ministère de la science et de la technologie a annoncé un financement total de plus de 1,6 milliard de yuans pour six projets spéciaux, qui couvraient également la nanotechnologie. La Chine publie aujourd’hui plus d’articles de recherche à fort impact que tout autre pays dans 23 domaines ayant des applications technologiques claires, notamment les batteries, les semi-conducteurs, les nouveaux matériaux et la biotechnologie.