Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Plutôt que d’interdire totalement (et ainsi créer un énorme marché noir qui renforcerait probablement l’attrait du bitcoin), Pékin a décidé de créer un concurrent. Lorsque le gouvernement chinois a interdit les cryptomonnaies en 2017, l’avenir de la blockchain dans la deuxième plus grande économie du monde semblait compromis. Mais l’aval du président Xi Jinping, fin 2019, a complètement changé la donne. Plus d’un an plus tard, la Chine a lancé son propre “Internet pour les blockchain”, appelé le Blockchain Service Network. Un certain nombre d’organisations privées et publiques ont également mis en place des blockchains au travers de plusieurs cas d’usage, notamment pour les envois de fonds, les règlements transfrontaliers et les voyages, parmi beaucoup d’autres.
La version de la “blockchain” poussée par Xi Jinping est très différente de celle sur laquelle s’appuie le Bitcoin. La blockchain du Parti communiste ne sera pas mise à jour via les fonctionnalités de preuve du travail et de consensus de Nakamoto, mais par la preuve de l’autorité. Les blockchains de Xi seront hautement centralisées pour un contrôle maximum. A ce titre, elles sont supposée améliorer la surveillance et l’ingénierie sociale. Ce qui ne pourrait pas être plus éloigné de la cryptomonnaie Bitcoin, qui est open-source, décentralisée, résistante à la censure et anonyme.
La technologie blockchain offre un large éventail d’avantages (traçabilité, précision, efficacité et transparenc) et d’applications. Elle redistribue aux créateurs de contenu une partie du pouvoir détenu par les plateformes. Elle permettra également de ne plus dépendre de multiples intermédiaires. Les micropaiements devraient ainsi jouer un rôle plus important dans les revenus des artistes. Il deviendra plus courant de payer un petit montant pour accéder uniquement à l’article d’un blog ou à un épisode de votre série télévisée préférée. Cela entraînera la croissance des micropaiements.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Le Blockchain Services Network (BSN), soutenu par l’État chinois, aurait déployé il y a quelques jours une infrastructure conçue pour appuyer le déploiement des jetons non fongibles (NFT), une étape majeure vers la création d’une industrie chinoise des NFT qui ne soit pas liée aux cryptomonnaies comme le bitcoin. L’infrastructure, baptisée BSN-Distributed Digital Certificate (BSN-DDC) pour la différencier des NFT basés sur des cryptomonnaies, offrira des interfaces de programmation d’applications aux entreprises et aux particuliers afin qu’ils puissent créer leurs propres portails d’utilisateurs ou d’applications pour gérer les NFT. Seuls les yuans chinois y sont autorisés pour effectuer des achats.
Les blockchain publiques « sont illégales en Chine » car l’État exige que tous les systèmes Internet soient en mesure de contrôler l’identité des utilisateurs et au régulateur d’intervenir en cas d' »activités illégales. Red Date s’est donc tourné vers une solution de blockchain semi-privée, dite de consortium, une version adaptée qui peut être régie par un groupe désigné. BSN, la plateforme sous-jacente du projet NFT soutenue par les entreprises publiques China Mobile, China UnionPay et le Centre d’information de l’État, a déjà « localisé » plus de 20 chaînes publiques depuis ses débuts en 2018. BSN-DDC intégrera 10 chaînes, dont la version adaptée d’Ethereum et Corda, plus des blockchain nationales comme Fisco Bcos, initiée par la société fintech WeBank soutenue par Tencent.
Bien que les NFT ne soient pas illégales en Chine, plusieurs géants technologiques nationaux ont choisi d’appeler leurs projets NFT « objets de collection numériques » pour des raisons de conformité. Ant Group (filiale fintech du propriétaire de Post, Alibaba Group Holding, et Tencent Holdings) a été le premier champions chinois à adopter les NFT en lançant des dizaines de produits depuis l’été dernier. JD.com et Baidu ont suivi avec leurs propres objets de collection numériques. L’infrastructure BSN-DDC a le potentiel de bouleverser le secteur. Elle a déjà attiré plus de 20 partenaires, dont le réseau blockchain Cosmos, le fabricant de systèmes de reçus numériques Baiwang et le fournisseur de services de technologie vidéo Sumavision.
