Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Les paradigmes traditionnels de la psychologie expérimentale ont montré que regarder un film ou jouer à un jeu vidéo non immersif ne donnaient pas l’illusion de détenir ou contrôler le corps d’une tierce personne. La réalité virtuelle va modifier notre perception de l’humanité mais également notre compréhension de notions “figées” telles que la réalité, l’authenticité… Une foule d’expériences de psychologie a démontré la plasticité de l’esprit humain et son modelage inconscient par l’environnement. Dans le futur, toutes nos expériences émotionnelles, nos réactions et nos interactions au sein d’un monde virtuel pourront être consultées et analysées par des entreprises technologiques. En adoptant une vision encore plus prospective, des entreprises comme Neuralink, qui tentent de fusionner le cerveau humain avec des machines, pourraient avoir d’immenses implications pour la vie privée. Les entreprises spécialisées dans le marketing pourraient mieux comprendre la façon dont les consommateurs pensent et modifient leurs pensées. Les employeurs pourraient utiliser l’information pour trouver de nouvelles façons d’améliorer la productivité ou même de surveiller leurs employés. Fiction direz-vous ? Et pourtant, dès 2017, dans le cadre de son programme d’embauche, le Royal Bank of Scotland Group, un des plus grands groupes bancaires britannique, faisait porter aux candidats potentiels une interface cerveau-ordinateur pour mesurer et analyser leur activité neuronale et leur capacité d’attention.
Synthèse
Encouragés par les recherches qui montrent que le fait d’habiter le corps d’une autre personne peut modifier la perception que l’on a de son propre corps, des chercheurs ont commencé à étudier le vaste potentiel érotique du sexe virtuel. Les recherches le confirment : comme on perçoit les contacts virtuels comme étant réels, il est courant de ressentir une sensation réelle. Des experts en technologie du monde entier ont donc passé des années à explorer les possibilités érotiques liées à la réalité virtuelle. Mais maintenant que les experts en ont compris les principes de base, la réalité virtulle est poussée vers de nouveaux horizons érotiques. Ces dernières années, en particulier, on a assisté à l’essor du « body-swapping », un domaine en plein essor dans lequel les utilisateurs portent un casque équipé de caméras et de capteurs de mouvements pour « échanger leur corps » – ou même leur sexe – avec une personne réelle. Dans d’autres itérations, vous pouvez « incarner » un avatar virtuel et jouer divers scénarios. Cette technologie peut également devenir expérientielle : des animateurs en chair et en os peuvent utiliser des accessoires pour renforcer l’émotion en évoquant vos sens du toucher, du goût et de l’odorat, en plus de l’expérience du casque audiovisuel.
Smoos est en quelque sorte un précurseur dans ces domaines. Ces derniers mois, Smoos a collaboré avec Daniel González du studio de réalité virtuelle « BeAnotherLab », pionnier mondial de l’un des exemples les plus concrets de la technologie de « body-swap ». Il s’agit d’une entreprise à but non lucratif, qui s’appuie sur diverses études indiquant que la réalité virtuelle peut accroître l’empathie, réduire les préjugés raciaux implicites et même potentiellement traiter les phobies grâce à la « thérapie d’exposition à la réalité virtuelle ». Les casques peuvent également permettre aux gens de se voir virtuellement, ce qui pourrait avoir d’énormes implications pour le traitement de la dysmorphie corporelle. Avec la réalité virtuelle, vous pouvez aussi entrer dans des histoires virtuelles pré-enregistrées. Dans l’une d’elles, vous pourriez incarner le point de vue d’un trans appelé Jonah, et vivre par procuration la joie de voir pour la première fois votre poitrine post-opératoire. Il s’agit apparemment d’un outil puissant pour les personnes trans qui souffrent de dysphorie, qui leur permet d’essayer le corps qu’elles ont dans leur esprit et de ressentir l’euphorie du genre qui l’accompagne.
Le fait de voir son propre langage corporel reflété peut également faire des merveilles dans le monde de l’entreprise. Christophe Mallet est le fondateur de BodySwaps, une société basée à Londres qui utilise la réalité virtuelle pour améliorer les « soft skills » au travail.