Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
La première version d’Internet s’est principalement développée grâce aux institutions publiques, aux laboratoires de recherche militaires et aux universitaires indépendants. Le Metaverse ne se développera donc pas comme l’a fait web1.
Dans ce contexte la création du consortium Metaverse pour définir les bases de l’interopérabilité constitue un premier pas positif.
Néanmoins il ne change pas (encore) la donne pour 2 raisons.
D’une part, ce type de processus a déjà été un échec en 2015 dans le domaine de l’Internet des Objets. Les principaux acteurs luttaient entre eux pour devenir la norme de l’IoT. Ils ont donc décidé de créer un consortium. En réalité, 6 acteurs (Cisco, Samsung, IBM, Intel, Honeywell et ARM) en ont contrôlé le résultat. Ces derniers ont fait semblant de collaborer. En parallèle, ces entreprises ont créé de multiples alliances pour se mettre d’accord sur des normes et des technologies IoT partagées plutôt que sur des normes mondiales. Pourquoi le nouveau consortium Metaverse serait-t-il différent ?
L’étape la plus simple consiste à réunir plusieurs personnes dans une même pièce autourd d’un objectif commun de standardisation. Mais il ne s’agit plus de la même histoire lorsque les représentants d’entreprises privées doivent s’accorder sur des « sacrifices », à savoir opter pour un choix collectif qui se fait au détriment de l’entreprise, voire qui sous-optimise ses performances à cause de quelque chose que quelqu’un d’autre a demandé.
Soyons concrets. Apple n’a pas encore signé. Apple, son écosystème propriétaire et contrôlé, et la commission de 30 % que le géant technologique demande aux développeurs pour vendre des applications sur l’App Store, n’a pas encore signé. Les entreprises comme Apple vont-elles signer et se mettre d’accord avec des concurrents comme Epic ?
Les plateformes qui réussissent utilisent tout ce qu’elles peuvent pour verrouiller les développeurs et les utilisateurs, pour devenir LA norme et non une norme. Ca n’est pas si facile car les grandes plateformes font des investissements énormes et déficitaires afin d’établir un marché lucratif pour les développeurs.
Donc, si vous voulez que les normes ouvertes « gagnent », elles doivent offrir aux développeurs des profits plus importants que ceux fournis par les plateformes web2.
Les normes relatives aux blockchains pourraient améliorer les profits des développeurs au fil du temps.
Mais nous avons déjà de multiples blockchains qui prétendent être LE meilleur protocole interopérable.
Le présent est la bêta version du futur.