Lindsay est au cœur de l’un des plus grands tests de revenu de base garanti au monde. Dans le cadre d’un projet pilote de 3 ans financé par le gouvernement provincial, environ 4 000 personnes en Ontario reçoivent des allocations mensuelles qui leur permettent d’atteindre au moins 75% du seuil de pauvreté. Cela se traduit par un revenu annuel minimum de 17 000 $ en dollars canadiens pour les célibataires et de 24 000 $ pour les couples mariés. Lindsay compte environ la moitié de la population du projet pilote, soit environ 10% de la population de la ville.
L’essai devrait coûter 50 millions de dollars canadiens par année ; l’étendre à l’ensemble du Canada coûterait environ 43 milliards de dollars par année. Mais Hugh Segal, l’ancien sénateur conservateur qui a conçu le test, pense qu’il pourrait permettre au gouvernement d’économiser de l’argent à long terme. Il s’attend à ce que le système de prestations soit rationnalisé, à supprimer les règles qui découragent les gens de travailler et que la criminalité, la mauvaise santé et d’autres problèmes coûteux qui découlent de la pauvreté soient réduits. De telles améliorations se sont produites au cours d’un test de revenu de base au Manitoba dans les années 1970.
Lindsey est observée partout dans le monde parce que le revenu de base est devenu la réponse préférée de la Silicon Valley à la question de savoir comment la société devra faire face à l’accélération du chômage technologique. Mais il y a une différence importante entre cette vision d’un revenu de base et l’expérience en Ontario. Les Canadiens en font l’essai comme mécanisme efficace de lutte contre la pauvreté, un moyen de donner à un segment relativement petit de la population plus de souplesse pour trouver du travail et renforcer d’autres volets du filet de sécurité. Ce n’est pas ce que semble imaginer la Silicon Valley, qui est un revenu de base universel destiné à acheter la paix sociale. Le problème le plus évident avec cette idée ? Mathématiques. Beaucoup d’économistes ont conclu il y a longtemps qu’il serait trop coûteux, surtout si on le compare au coût des programmes pour créer de nouveaux emplois et former. C’est pourquoi l’idée n’a pas décollé après des essais dans les années 1960 et 1970. C’est en grande partie la raison pour laquelle la Finlande a décidé de ne pas prolonger son essai.
Si un endroit peut mettre en lumière à la fois les avantages du revenu de base et les problèmes qu’il ne peut pas résoudre, ce sera Lindsay. La ville est prospère à certains égards, avec un revenu médian des ménages de 55 000 $. Le secteur industriel manufacturier dans la région environnante a décliné depuis les années 1980. Beaucoup de gens jonglent entre plusieurs emplois, y compris le travail saisonnier lié au tourisme pendant l’été et l’automne. La technologie fait aussi partie de l’histoire : les robots traient les vaches maintenant. Pour McKechnie, le revenu de base est quelque chose de plus large : un égalisateur social, une reconnaissance du fait que les gens qui gagnent peu ou pas d’argent font souvent des choses qui ont une valeur sociale.
De plus, si le fait de donner de l’argent aux pauvres les aide, il laisse toujours sans réponse des questions urgentes et difficiles sur les impacts de l’automation et de la mondialisation. Que faudra-t-il mettre en place pour que des régions entières ne soient pas laissées pour compte sur le plan économique ? Que peut-on faire pour stimuler l’offre d’emplois stables et de qualité ? Le revenu de base » n’est qu’un début « , dit Roderick Benns, ancien vice-président du Réseau du revenu de base de l’Ontario.
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