L’adoption de robots industriels en France rend les entreprises manufacturières plus productives et plus rentables, mais au détriment de l’emploi, selon un récent document présenté par le National Bureau of Economic Research, un organisme de recherche américain privé, à but non lucratif et non partisan.
Selon ce document, 598 entreprises françaises ont déployé des robots industriels entre 2010 et 2015. Les chercheurs ont constaté, comme ils s’y attendaient, que les entreprises qui adoptent des robots suppriment des emplois à mesure qu’elles deviennent plus rentables et plus productives. Elles ont également créé des emplois en interne, mais ces gains ont été plus que compensés au niveau national par des pertes d’emplois chez les concurrents qui n’ont pas pu suivre les premiers adoptants. Ces dernières recherches vont donc à l’encontre de l’idée selon laquelle les technologies utilisée pour automatiser des tâches créeraient plus d’emplois qu’elle n’en détruiraient. Mais il ne faut pas en tirer trop vite des conclusions.
Dans un entretien téléphonique avec The Register, Andrew McAfee, co-fondateur et co-directeur de l’Initiative sur l’économie numérique et chercheur principal à la Sloan School of Management du MIT, a déclaré : « L’un des points sur lesquels Acemoglu et ses co-auteurs ne cessent d’insister et avec lesquels je suis entièrement d’accord est que l’effet de la technologie sur l’emploi est ambigu ». Il serait beaucoup trop simpliste, a souligné McAfee, d’affirmer que l’automatisation supprime toujours ou jamais des emplois.
Cela dit, M. McAfee a observé que la tendance actuelle était de rejeter l’idée que les robots pourraient prendre des emplois. Ce qui s’est passé en France, a-t-il dit, montre que les robots peuvent avoir un effet négatif sur l’emploi.
McAfee a expliqué que les robots ont eu un effet disproportionné sur la classe moyenne, qui, aux États-Unis, en France et dans d’autres pays riches, s’est construite sur un travail de routine associé à une productivité relativement élevée. Les travailleurs à la chaîne, a-t-il dit, contribuent beaucoup en termes de productivité et ont ramené une partie de cette valeur chez eux sous la forme d’un salaire plus élevé. Beaucoup de ces emplois, qui avaient souvent de bons avantages grâce aux syndicats, sont devenus automatisés, a dit M. McAfee, et les emplois récents ne fournissent pas le même potentiel de productivité ou de profit.