Pourquoi comprendre la 4e révolution industrielle est devenu primordial – 2

« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. » – Arthur Schopenhauer

Nous sommes entrés de plein pied dans une gigantesque phase de rupture. Dans l’article précédent, je ravivais vos souvenirs de cours d’Histoire. L’Histoire de notre évolution est rythmée par une succession de périodes d’équilibre entrecoupées de période de changements rapides. Il y a 500 ans a commencé la révolution scientifique et nouvelle accélération. Depuis, l’Homme a vécu 3 révolutions sociétales aux 18e, 19e et 20e siècles. La prochaine, celle du 21e siècle a débuté. Et elle sera différente des trois précédentes.

II. Pourquoi cette 4e révolution « industrielle » sera différente ?

La 4ème révolution sera bien plus rapide, bien plus impactante et mondiale.

1. Plus rapide : comment ?

L’Homme, depuis toujours, construit des machines pour augmenter sa portée. Ces machines lui permettent de repousser les frontières de sa compréhension du monde ce qui aboutit toujours par une rupture sociétale.

Grâce à ces nouvelles connaissances il construit de nouvelles machines plus puissantes encore, ce qui lui permet de repousser encore les frontières de sa compréhension du monde, ce qui produit une autre rupture plus forte que la précédente, et ainsi de suite…

Chaque cycle a des effets plus importants que celui d’avant. Les ruptures sont donc de plus en plus rapprochées et de plus en plus fortes. Le progrès technologique accélère, de plus en plus vite. Pourtant, nous n’en avons absolument pas conscience.

Alors si je vous disais que la 4e révolution sera beaucoup plus rapide, vous me prendrez probablement pour un illuminé. « Qu’est-ce qu’il me raconte celui-là ? N’importe quoi. C’est pas logique. » Non ça n’est pas logique. Moi aussi j’étais sceptique. C’est parfaitement normal et cela s’explique.

Si je vous demandais d’imaginer le monde dans 30 ans, comment feriez-vous ? Probablement comme moi avant. Nous avons tous le même réflexe, celui d’essayer de deviner le futur en nous basant sur ce que nous avons déjà vécu dans le passé. Il y a 30 ans, nous étions en 1976. Après quelques recherches rapides pour identifier quelles technologies ont émergé entre 1976 et 2016, on estime qu’entre 2016 et 2046 il y aura probablement « un peu plus de progrès et que ça ira un peu plus vite ». Cette erreur de raisonnement nous la faisons tous. Elle est « innée ». Nous projetons notre futur en nous basant sur notre passé.

Vous souvenez-vous du film « Retour vers le futur 2 » ? Il y a 27 ans les scénaristes avaient imaginé le futur de l’époque, un futur qui paraissait complètement surréaliste. L’an dernier, le 21 octobre 2015, nous avons atteint ce futur imaginé il y a 27 ans. Ce qui nous paraissait complètement fou dans le film était en fait soit proche soit bien en-deçà de notre réalité actuelle.

Il y a 100 ans un groupe d’artistes, probablement qualifiés d’illuminés rêveurs et complètement fous, imaginait ce à quoi pourrait ressembler les années 2000. Le constat est le même. Un dernier exemple, il y a 50 ans un célèbre auteur de science fiction, Isaac Asimov, prédisait le monde en 2014 avec une justesse incroyable. Osez imaginer. Le ridicule d’hier est l’évident de demain. D’ici 15 ans l’industrie aérospatiale prévoit d’envoyer les premiers humains sur Mars. Vous faites peut-être parti des futurs expatriés terriens qui décideront d’emménager sur la planète rouge dans 40 ans ?

Mettons que vous commenciez à me croire. Souvent les plus critiques me font cette remarque judicieuse : »Oui mais il y a plein de technologies qui démarrent extrêmement vite, ralentissent et disparaissent. » Ils ont raison. C’est pour cela qu’il ne faut pas se concentrer sur une seule technologie mais sur des domaines technologiques. A chaque fois qu’une technologie ralentit et disparaît, une autre, de nouvelle génération prend le relais et impulse une accélération. C’est ce que les érudits appellent le changement de paradigme.

Entre 1995 et 2007, Internet explose, Microsoft, Google et Facebook aussi. Les réseaux sociaux, les téléphones portables puis les smartphones nous envahissent. C’est la phase d’accélération. Puis entre 2008 et 2015 c’est la phase de ralentissement, jusqu’au phénomène AlphaGo.

Nous venons de rentrer à nouveau dans une phase d’accélération qui ira encore plus vite que la précédente. Pourquoi ? Parce que quatre domaines technologiques majeurs sont en train de fusionner : les Nanotechnologies, les Biotechnologies, l’Informatique et les sciences Cognitives. J’ouvre une parenthèse pour vous expliquer brièvement chaque domaine. Je n’en ai pas fini avec vous alors faites une pause avant de poursuivre, prenez une bière, un mars et ça repart.

La parenthèse NBIC

Nano quoi ? Nanotechnologies. Il s’agit de technologies qui nous permettent de manipuler des petits bouts de matière dont la taille est comprise entre 1 et 100 nanomètres, soit 1 mètre coupé en 1 milliards de petits morceaux. Les molécules de cette taille ont des propriétés uniques. Elles peuvent être super résistantes, super légères, super flexibles, super conductrices d’électricité ou de chaleur… On sait aujourd’hui les exploiter pour fabriquer de nouvelles matières comme le graphène et les nanotubes. On sait imprimer en 3D ces nouvelles matières pour donner à nos objets des propriétés ou des designs jusqu’ici impossibles.

Si les nanotechnologies nous permettent de reprogrammer de la matière « inerte », les biotechnologies nous donnent la capacité de manipuler les chaînes de carbone qui forment l’ADN de nos cellules. Nous allons pouvoir modifier nos gènes. Nous pourrons, si nous le souhaitons, non seulement soigner des maladies génétiques incurables, mais également modifier notre génome pour devenir plus forts, plus intelligents, avoir une vision parfaite… Grâce à des ordinateurs de quelques nanomètres, les nanobots, les médecins pourront très précisément cibler et réparer les cellules endommagées de notre corps.

L’informatique ou les technologies de l’information et de la communication vous connaissez certainement. C’est la partie visible de l’iceberg. Le digital, vous savez ce mot qu’on utilise à toutes les sauces depuis quelques années sans trop savoir ce qu’il y a derrière. Ces technologies nous donnent la capacité de stocker, transmettre et calculer des « bits » d’information. Elles nous permettent de dématérialiser, décentraliser. Elles ont rendu des ressources autrefois « rares », abondantes (musique, littérature, films…) et le mouvement s’amplifie. Tout devient donnée, le monde devient un méga logiciel servi par une puissance informatique qui va continuer de s’envoler à mesure de l’émergence du nouveau paradigme informatique (ordinateurs quantiques, ordinateurs optiques, ordinateurs biologiques).

Enfin, les sciences cognitives nous éclairent sur les fondements du fonctionnement de notre cerveau. A l’aide de dispositifs d’imagerie de plus en plus précis, nous comprenons de mieux en mieux les processus complexes de cognition. Quand nous en aurons fini d’en comprendre les rouages, nous pourrons les informatiser pour les appliquer aux machines.

La parenthèse est fermée.. Concrètement que signifie la fusion de ces domaines ? Chaque découverte dans l’un des domaines fait progresser les 3 autres (robotique, intelligence artificielle, édition du génome, impression 3D, véhicules autonomes, Internet des objets, informatique quantique, interfaces neuronales…).

Comme un pied de nez à mes professeurs de mathématique de lycée, je ne peux résister à l’envie de synthétiser tout ça en une équation mathématique simple :

Progrès technologique (21e siècle) = progrès (Nanotechnologies) * progrès (Biotechnologies) * progrès (Informatique) * progrès (sciences Cognitives)

Dans le prochain article, j’essaierais de vous démontrer pourquoi cette 4e révolution industrielle sera bien plus impactante que les précédentes.

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Fondateur paris-singularity.fr👁️‍🗨️Entrepreneur social trackant les deep techs

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