Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Beaucoup des médicaments modernes ont été découverts ou identifiés à partir d’un ensemble de solutions biologiques existantes, plutôt que d’être générés intentionnellement dans un but donné. La biologie, contrairement à la physique, est régie par des règles très complexes et souvent stochastiques qui ne permettent pas d’obtenir facilement un ensemble de principes premiers et facilement compréhensibles. Notre cerveau est-il équipé pour appréhender comment des millions de modèles statistiques minuscules conduisent au comportement complexe de la cellule ? Mais un nouveau type d’outil émerge qui excelle dans ce type de raisonnement probabiliste à haute dimension : l’apprentissage machine.
Chaque jour, nous nous “améliorons” par le biais d’activités apparemment banales comme l’exercice, la méditation ou la consommation de substances qui améliorent la performance, comme la caféine. Les outils avec lesquels nous améliorons notre biologie se multiplient. Au cours des dernières décennies, nous avons développé un large éventail de méthodes puissantes, telles que le génie génétique et les interfaces cerveau-machine par exemple. A court terme, ces technologies d’amélioration ont des applications médicales et peuvent être utilisées pour traiter de nombreuses maladies et incapacités. Dans les décennies à venir, elles pourraient même nous permettre d’améliorer nos capacités physiques ou cognitives. L’égalité d’accès deviendra donc une préoccupation éthique encore plus majeure.
La biologie générative semble désormais un objectif réaliste. La diminution du coût du séquençage et de la synthèse de l’ADN à haut débit, l’augmentation très rapide de la puissance de calcul et les progrès des algorithmes d’apprentissage automatique transformeront la médecine dans les années à venir. Les thérapies ne seront plus des molécules simples mais des systèmes plus complexes, tels que les virus et les cellules entières. L’apprentissage machine va accélérer la découverte de nouvelles molécules mais aussi de thérapies géniques et cellulaires de la prochaine génération ; et des médicaments que nous n’avons pas encore imaginés.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Dans les semaines à venir, les premiers volontaires humains testeront un nouveau traitement qui pourrait aboutir à la création d’un deuxième foie dans leurs corps. L’entreprise LyGenesis va tester sa thérapie cellulaire sur 12 adultes souffrant d’une maladie du foie en phase terminale et ne pouvant pas bénéficier d’une greffe de foie. Aux États-Unis, environ 10 % des personnes en attente d’une greffe de foie meurent avant de se voir attribuer un organe. L’essai clinique permettra de tester la sécurité et les bénéfices apportés par le traitement sur la santé des volontaires.
LyGenesis espère ainsi sauver des personnes atteintes de maladies hépatiques dévastatrices qui ne sont pas éligibles pour une transplantation. Leur approche consiste à injecter des cellules hépatiques d’un donneur dans les ganglions lymphatiques des receveurs malades, ce qui devrait donner naissance à des organes miniatures entièrement nouveaux.
Les ganglions lymphatiques sont de petites structures en forme de haricot que l’on trouve dans tout le corps et qui jouent un rôle crucial dans notre santé immunitaire, en fabriquant des cellules qui aident à combattre les infections. Les ganglions lymphatiques situés près du foie sont suffisamment proches pour recevoir les signaux chimiques de détresse envoyés par les tissus mourants d’un foie malade. Ces signaux sont censés encourager les tissus hépatiques sains restants à se régénérer, mais cela ne fonctionne pas en cas de maladie grave.
La suite ici (Jessica Hamzelou)