L. Bardon . – L’Afrique est restée largement en marge de l’économie mondiale. L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a ouvert la voie à une nouvelle vague de mondialisation caractérisée par l’émergence de chaînes de valeur mondiales complexes (CVM). Pourtant, les pays africains sont restés exclus de ce processus. La part du continent dans le commerce mondial de marchandises a stagné aux alentours de 3%, tout comme sa part dans la production manufacturière mondiale. Pour inverser cette tendance, les décideurs de la région devraient accélérer leurs efforts dans 3 domaines. D’abord, les gouvernements devraient promouvoir une intégration régionale plus poussée. Ensuite, l’Afrique devrait améliorer son infrastructure numérique et ses compétences liées à la technologie pour éviter d’être davantage marginalisée. Enfin, l’Afrique devrait créer un système de propriété et de réglementation de ses données numériques.
Lors du lancement du bitcoin en 2009, les caractéristiques uniques de la technologie sous-jacente, la blockchain, n’a pas été pleinement apprécié. D’une part, il s’agit notamment d’un logiciel libre. Cela rend son code source légalement et librement disponible pour les utilisateurs finaux qui peuvent l’utiliser pour créer de nouveaux produits et services. D’autre part, elle est décentralisée, ce qui démocratise l’exploitation des services qui en dépendent. Le contrôle des services construits sur la blockchain n’est donc pas entre les mains d’un individu ou d’une seule entité, mais implique toutes les personnes connectées au réseau.
Quelques entreprises ont commencé à présenter ces capacités à plusieurs pays africains en ciblant d’abord les gouvernements et les institutions publiques. En avril dernier, le gouvernement éthiopien a confirmé avoir signé un accord pour créer une base de données nationale d’identifiants pour les étudiants et les enseignants en utilisant une solution d’identité numérique décentralisée. L’accord prévoit la fourniture d’identifiants à 5 millions d’étudiants répartis dans 3 500 écoles, qui seront utilisés pour stocker les dossiers scolaires. Il s’agit du plus gros contrat blockchain jamais signé par un gouvernement.
L’accord signifie que la technologie blockchain sera utilisée pour fournir une identité numérique à des millions d’Éthiopiens. L’identité numérique, qui fait défaut dans la plupart des pays africains, est la première étape d’une véritable inclusion financière, dont il a été démontré qu’elle présente de nombreux avantages.