L. Bardon . – La donnée serait un nouveau type de capital ou un actif intangible. En économie, le capital est un bien produit (par opposition à une ressource naturelle) nécessaire à la production d’autres biens ou services. Le capital “donnée », c’est l’information enregistrée nécessaire à la production d’un bien ou d’un service. Et ce capital “donnée” a aussi une valeur long-terme comme des actifs physiques tels que des bâtiments ou des équipements. La Chine voudrait donc accélérer la mise en place d’un marché des données afin qu’elles puissent être évaluées et échangées comme des marchandises ordinaires, ce afin de participer activement dans la fouléeà la formulation de règles et de normes internationales sur les données. C’est ce que révélait un plan publié il y a quelques mois dont l’objectif affiché est de construire un système de marché moderne de “haute qualité”. Dès 2020, la Chine inscrivait les données comme nouveau facteur de production, au même titre que la terre, la main-d’œuvre, le capital et la technologie. Le gouvernement avait d’ailleurs demandé à la ville de Shenzen de prendre l’initiative de la création de ce marché. Néanmoins, cela s’est avérée si compliqué que les règlements sur les données élaborés par la ville l’été dernier, qui attribuaient la propriété des données personnelles aux individus et celle des données publiques à l’État, ont déclenché une énorme controverse.
De nombreuses entreprises sont désabusées vis-à-vis de la valeur qu’elles tirent de leurs données et de l’analyse de ces dernières. Pour que la valeur créée soit pérenne, il est indispensable que les données soient échangées, pas seulement au sein d’une entreprise, mais au-delà de ses frontières. Les entreprises manufacturières, par exemple, pourraient tirer une immense valeur des données d’inventaire de leurs fournisseurs. De même, les banques peuvent atténuer leur risque de prêt en consultant l’historique des transactions de leurs emprunteurs. Les marques peuvent établir des références environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) pour leurs produits si les fournisseurs partagent avec elles les données requises.
Compte tenu de l’évolution des réglementations sur la confidentialité des données dans le monde, les entreprises doivent déterminer quelles données partager, avec qui et dans quel but. Comment les entreprises créent-elles une infrastructure numérique pour permettre le partage des données dans les écosystèmes B2B ? Elles ont besoin de créer un pipeline numérique par lequel les données peuvent circuler à travers les frontières de l’entreprise de manière sécurisée et fiable, tout en respectant les droits de toutes les parties prenantes. C’est là que les « jetons non fongibles d’entreprise (NFT) » basés sur la blockchain offrent une solution. Conçue à l’origine comme un grand livre pour stocker en toute sécurité les transactions en crypto-monnaies, la blockchain a évolué pour devenir une plateforme permettant de stocker tout type d’information devant être partagée de manière sécurisée et fiable. Aujourd’hui, des actifs tels que des instruments financiers, des biens immobiliers et des produits de luxe sont enregistrés de manière immuable sur la blockchain.
Pour les entreprises, il est temps de considérer leurs données comme un actif. Les NFT d’entreprise leur permettraient de le faire.
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