Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – TikTok est la première application (or Facebook) à dépasser les 3 milliards de téléchargements dans le monde. On estime, par exemple, qu’un Américain sur trois l’utilisent chaque mois. Mais il ne s’agit que d’une partie de l’activité de ByteDance. La société mère derrière la célèbre application est un mastodonte technologique qui vise à capter l’attention et donc les données des utilisateurs, aussi bien sur leur lieu de travail (via Lark, la version “maison” de Slack), qu’à l’école, lorsque ils écoutent de la musique ou lorsqu’ils jouent (via Nuverse, son unité de développement de jeux). Ca ne vous rappelle rien ? C’est le modèle qui a permis à Facebook de devenir un géant technologique mondial. Mais c’est aussi dans ce contexte qu’est né le scandale Cambridge Analytica, société qui avait recueilli des données sur les utilisateurs de Facebook sans leur consentement à l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2016. ByteDance va-t-elle éviter de devenir accroc à la diffusion de fake news comme sa cousine américaine ?
La Chine a procédé l’an dernier à une mise à jour complète de sa réglementation concernant les services internet vieille de 20 ans alors que les autorités de Pékin cherchent à réprimer les activités en ligne préjudiciables et les fake news. La réglementation interdit explicitement de divulguer ou d’aider à divulguer de fausses informations. Il est également interdit d’aider d’autres personnes à supprimer, bloquer ou remplacer des informations en ligne contre rémunération, tout comme l’enregistrement en masse et la vente de comptes en ligne à des fins lucratives. Le gonflement artificiel du nombre de clics et du volume des transactions est également mentionné.
Des géants technologiques comme Facebook et les gouvernements du monde entier luttent contre la désinformation, sur des sujets divers comme les vaccins ou l’incitation à la violence sectaire. Comme l’IA devient de plus en plus puissante, les experts craignent que les fake news générées par l’I.A. amplifie encore un problème déjà complexe. Prenez les deepfakes par exemple. Depuis des années, les experts tirent la sonnette d’alarme sur la faiblesse de la sécurité des données biométriques. Le problème s’est avéré particulièrement pernicieux en Chine, où la reconnaissance faciale est désormais une forme d’identification omniprésente. Selon les experts, la montée en puissance des contrefaçons pourrait à présent créer de nouveaux problèmes. Malgré l’inquiétude généralisée que suscite la technologie, qui permet d’imiter la ressemblance d’une personne par le biais de l’audio et de la vidéo, il existe peu d’exemples concrets de pirates informatiques qui l’exploitent avec succès à des fins lucratives.
Synthèse
L’obsession que la communauté TikTok a d’enquêter, d’analyser et de juger le contenu qui devient viral sur la plateforme fait les beaux jours des comptes qui partagent des informations sensationnelles et dramatiques. Les jeunes utilisateurs de l’application se penchent sur des vidéos à la mode élaborant des théories du complot et allant jusqu’à dénoncer les personnes qui y figurent. Le plus souvent, ces campagnes visant à démasquer d’autres utilisateurs sont motivées par un certain sens de la justice.
Si vous êtes sur TikTok, vous avez sans doute vu les vidéos de Mc. Ce dernier est spécialisé dans ce que les journalistes traditionnels pourraient appeler le “drame d’Internet”. Il fait partie d’un réseau d’utilisateurs populaires de TikTok qui ont acquis une certaine notoriété. Mc et ses collaborateurs démasquent les racistes, dénoncent les infirmières anti-vax à leurs hôpitaux respectifs, et aident à bloquer les membres “voyous” de TikTok, qu’ils soient adeptes de la théorie du complot, fascistes… Mais ces TikTokers découvrent que la frontière est mince entre journalisme citoyen et guerre d’information militante.
lorsque de grandes organisations médiatiques commencent à s’intéresser à ces drames de bas étage sur TikTok, cela rend les choses encore plus confuses. M. Mc et Sophia Smith Galer, journaliste senior pour VICE, basée à Londres, qui gère également un compte TikTok personnel avec plus de 275 000 abonnés, ont déclaré que les médias traditionnels avaient l’habitude de donner plus de poids aux petites campagnes de dénigrement et de honte qui se déroulent sur TikTok.
