Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – On peut aujourd’hui imprimer en 3D dans toutes les couleurs, utiliser plus de 250 matières telles que le titane, le caoutchouc, le plastique, le verre, la céramique, le cuir et même le chocolat. Les imprimantes 3D peuvent synthétiser des structures très complexes faites de matériaux hybrides et imprimer quasiment n’importe quoi : des moteurs de jets, des bijoux, des maisons, des prothèses médicales… L’impression 3D transforme donc entièrement l’ensemble du processus de fabrication. Elle permet de personnaliser et complexifier sans surcoût. Elle permet aussi de faire de gigantesques économies puisque qu’elle permet de se passer de 90% de la matière première et du besoin d’inventaire. Enfin l’impression 3D dématérialise, démonétise et démocratise la fabrication d’objets. Nous allons tous devenir des makers en puissance.
Faire pousser des organes en laboratoire n’est plus de la science-fiction. Des organoïdes ont déjà été créés à partir de l’intestin, du rein, du pancréas, du foie et même du tissu cérébral, et ce grâce aux progrès sur les cellules souches et le développement de matrices de support 3D permettant aux cellules de se développer comme elles le feraient in vivo. Les organoïdes cultivés à partir des cellules souches d’un patient pourraient être utilisés pour réparer les organes endommagés ou personnaliser leur traitement en testant comment ils réagissent à différents médicaments. Les scientifiques commencent donc à se pencher sur l’éthique régissant ces bouts de corps humains. Quant aux régulateurs, ils devront prendre position sur un certain nombre de questions. Prenons le cas d’un cœur imprimé en 3D : s’agit-il davantage d’un organe ou un produit ?Les autorités de réglementation devraient-elles davantage le considérer comme un dispositif médical ? Devront-elles appliquer des réglementations sur les produits biologiques, une catégorie de produits pharmaceutiques complexes qui comprend les traitements contre le cancer, parce que des matériaux biologiques sont impliqués, comme c’est le cas des vaccins imprimés en 3D ? Ou faudra-t-il mettre en place un cadre réglementaire pour les dispositifs médicaux mieux adaptés à la personnalisation des produits imprimés en 3D, comme les attelles pour les nouveau-nés souffrant de maladies mortelles ?
Des astronautes à bord de la Station spatiale internationale ont expérimenté avec succès la synthèse de viande de bœuf de laboratoire dans des conditions extrêmement hostiles, en l’occurrence en microgravité. À l’aide d’une imprimante magnétique mise au point par la firme russe 3D Bioprinting Solutions, les astronautes ont adapté une méthode conçue par la startup israélienne Aleph Farms pour amener les cellules bovines à se transformer en tissu musculaire entièrement formé. Après l’immersion des cellules de vache extraites par biopsie dans un bouillon nutritif (qui simule l’environnement intérieur du corps d’une vache), la bioimprimante a favorisé leur “croissance” en un minuscule morceau de bœuf, même en l’absence de soleil. Ce succès pourrait faire considérablement progresser la production de viande de synthèse ici sur Terre. Une telle preuve de concept pourrait ainsi conduire à une production de viande à haute teneur en protéines à la demande dans certains des environnements les plus durs de la planète.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
La start-up chinoise SpaceTai affirme être capable de réduire les coûts de production des fusées de 80 %. SpaceTai affirme pouvoir produire 90% des pièces de ses fusées à l’aide de ses propres imprimantes 3D. Son premier vol d’essai suborbital est prévu pour 2023.
L’entreprise développe un moteur de fusée imprimé en 3D appelé « xiaoyi », ou « petite fourmi », qui utilise de l’oxygène liquide et du kérosène comme carburants. Deux modèles de xiaoyi sont en cours de développement, et auraient des poussées de 20 et 30 tonnes. Selon l’entreprise, les moteurs peuvent être fabriqués sur la propre imprimante 3D de SpaceTai en seulement 30 jours. L’entreprise travaille également sur un moteur de nouvelle génération appelé « juyi », ou « fourmi géante ». Une fois terminé, le moteur juyi pourrait atteindre une poussée de 200 tonnes. Outre le développement de ses imprimantes 3D pour la construction de fusées et des composants qui en découlent, SpaceTai établit également un inventaire en ligne des services d’impression 3D de métaux, dont elle espère que d’autres industries feront usage.
Bien que SpaceTai fasse des déclarations audacieuses, elle n’est pas le seul acteur dans ce domaine à faire des progrès significatifs. Rien qu’au cours de l’année dernière, Rocket Lab a reçu plus de 24 millions de dollars de l’US Space Force pour financer la R&D de son lanceur Neutron de nouvelle génération, tandis que la société aérospatiale privée Launcher a franchi une nouvelle étape dans les essais de son moteur de fusée E-2 imprimé en 3D au centre spatial Stennis de la NASA. Ailleurs, la société Skyrora, basée à Édimbourg, a déclaré avoir construit la plus grande imprimante 3D hybride d’Europe, spécialement conçue pour la fabrication de pièces de moteur de fusée de grand format, et Relativity Space a levé 650 millions de dollars pour accélérer la production de sa nouvelle fusée Terran R réutilisable, entièrement imprimée en 3D.