Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – En 2017, des scientifiques parvenaient, pour la première fois, à faire grandir dans un environnement complètement artificiel des embryons humains viables créés par insémination artificielle. Ces derniers auraient pu continuer à croître si l’équipe de chercheur n’avait pas été obligés de les détruire avant le délai réglementaire des 14 jours (règle établie dans le cadre d’un accord internationale). En effet, une fois ce délai passé, l’embryon développe une structure appelée “strie primitive”, c’est-à-dire une rangée de cellules qui se transmettent pour former tous les tissus du corps dans le fœtus en développement. A l’époque, seuls 17 pays avaient soucrit à ce délai auto-imposé. Quid des autres pays ou des sociétés privées ? Les dernières avancées en matière de science des matériaux pourrait nous permettre de synthétiser les biomatériaux avancés indispensables pour construire un utérus artificiel. Ce qui pourrait constituer un grand espoir mais également soulever d’immenses questions bioéthiques voir liées à la vie, forcément biaisées par nos cultures et notre rapport à la mort.
Il y a déjà quelques années, Denis Rebrikov, directeur d’un laboratoire d’édition de génomes au Centre national de recherche médicale en obstétrique de Koulakov, la plus grande clinique de fertilité de Russie, déclarait qu’il prévoyait d’utiliser la technologie d’édition de gènes CRISPR sur des embryons humains pour désactiver le gène CCR5, et supposément conférer l’immunité au VIH. L’objectif affiché consistait à éditer des embryons pour les femmes séropositives afin qu’elles ne transmettent pas l’infection à leurs enfants. En réalité, ce type de recherche est très contreversé. En effet, contrairement aux thérapies géniques qui modifient rétroactivement les gènes des adultes pour traiter les maladies héréditaires (actuellement en voie d’être introduites en clinique), leur approche tente de modifier l’ADN germinal. Il s’agit de modifier les gènes dans le sperme, les ovules ou les embryons, ce qui entraîne des changements qui seront transmis aux générations futures. Cela a incité les scientifiques à réclamer un moratoire mondial sur la vérification de l’ADN germinal humain mais il reste de gros points d’interrogation quant à la faisabilité de l’élaboration de règles sensées dans ce domaine émergent – et quant à savoir s’il est même vraiment possible d’en assurer le respect. Bienvenue à Gattaca en somme…
En 2017, une nouvelle étude exposait le résultat d’une expérience qui consistant à faire affronter une équipe d’embryologistes à un système d’IA dans le cadre d’une simulation du processus de sélection de fertilisation. Résultat ? L’IA a sélectionné plus d’embryons viables que les experts humains. Pourquoi c’est important ? Parce qu’aujourd’hui, entre 30 et 60% des embryons sélectionnés et apparemment viables, ne s’implantent pas dans l’utérus dans le cas de FIV.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Des chercheurs de Suzhou, dans la province chinoise du Jiangsu (est), affirment avoir mis au point un système d’IA capable de surveiller et de prendre soin des embryons qui se transforment en fœtus dans un utérus artificiel. Cette « nounou » IA s’occupe pour l’instant d’un grand nombre d’embryons d’animaux, indiquent-ils dans leurs conclusions publiées il y a quelques mois dernier dans le Journal of Biomedical Engineering. Mais la même technologie pourrait contribuer à résoudre certains problèmes majeurs de reproduction chez l’homme, selon l’article.
Le système d’IA aide la machine à détecter les plus petits signes de changement sur les embryons et à ajuster avec précision les apports en dioxyde de carbone, en nutrition et en environnement. Le système peut même classer les embryons en fonction de leur santé et de leur potentiel de développement. Lorsqu’un embryon présente un défaut majeur ou meurt, la machine alerte un technicien pour qu’il le retire du réceptacle semblable à un utérus.
En Chine, le taux de natalité actuel et le plus bas depuis des décennies. Des enquêtes montrent que les jeunes femmes chinoises rejettent de plus en plus les priorités traditionnelles que sont le mariage et les enfants, malgré l’assouplissement radical de la politique de l’enfant unique et d’autres incitations de l’État.
Déjà en 2019, une équipe de recherche de l’Institut de zoologie de Pékin a amené un œuf de singe fécondé au stade de la formation d’organes dans un utérus synthétique. La même année, des scientifiques des Pays-Bas ont déclaré à la BBC qu’ils étaient à dix ans de la construction d’un utérus artificiel pour sauver les bébés prématurés. Une autre équipe en Israël a amené un lot de plus de 100 embryons de souris au stade de fœtus à moitié développé en mars de l’année dernière.