Comment la Silicon Valley a élaboré un plan pour transformer le sang en ovules humains

deep tech innovation biotechnologies
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Image par Sarah Richter de Pixabay

Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.

Pourquoi cet article est intéressant ?  L. Bardon . – En 2016, une femme de 24 ans accouchait après que les médecins aient réussi à restaurer sa fertilité en utilisant son tissu ovarien prélevé avant la puberté et cryoconservé. En 2017, pour la première fois, des scientifiques réussissaient à faire grandir des embryons humains créés par insémination artificielle dans un environnement complètement artificiel. Ces embryons auraient même pu continuer à croître, si les scientifiques n’avaient pas dû les détruire après 14 jours pour respecter le cadre éthique défini par un accord international. Pendant ce temps l’opinion publique évolue. Avec la baisse du prix des tests génétiques de tout type, de plus en plus d’adultes s’intéressent à leur patrimoine génétique dans le cadre des soins médicaux de routine et découvrent des risques génétiques spécifiques avant la grossesse. Ces personnes sont probablement riches et instruites. Si l’industrie de la FIV est en croissance, ce n’est donc pas parce que plus de gens peuvent en bénéficier, mais parce ce que ceux qui payer sont demandeurs de nouveaux types de services. Par ailleurs, le coût n’est pas le seul obstacle. Les technologies touchant à la reproduction sont moins acceptables dans les groupes raciaux, ethniques et religieux où le fait d’être considéré comme infertile est stigmatisant. Les barrières linguistiques peuvent aussi dégrader la sensibilisation à ces technologies. La géographie joue également un rôle, puisque les cliniques pratiquant la FIV se regroupent dans les régions où la demande est la plus forte. Si le recours aux tests préliminaires à l’implantation augmente, nous risquons de créer une société où certains groupes, en raison de leur culture, de leur géographie ou de leur pauvreté, seront porteurs de plus de maladies génétiques. Ce qui augmenterait davantage les disparités.


Synthèse

Aujourd’hui, la société créée par M. Krisiloff, appelée Conception, est la plus grande entreprise commerciale se consacrant à ce que l’on appelle la gamétogenèse in vitro, qui consiste à transformer des cellules adultes en gamètes (sperme ou ovules). Elle emploie environ 16 scientifiques et a levé 20 millions de dollars auprès de personnalités technologiques bien connues, dont Sam Altman, PDG d’OpenAI et ancien président de Y Combinator, Jaan Tallinn, l’un des fondateurs de Skype, et Blake Borgeson, cofondateur de Recursion Pharmaceuticals. Conception part de cellules sanguines provenant de donneuses et essaie de les transformer en une première preuve de concept d’un œuf humain fabriqué en laboratoire. L’entreprise n’y est pas encore parvenue, et personne d’autre ne l’a encore fait.

Si les scientifiques parviennent à générer des réserves d’ovules, cela bouleverserait les règles de la reproduction telles que nous les connaissons. Les femmes dépourvues d’ovaires – par exemple, à cause d’un cancer ou d’une intervention chirurgicale – pourraient avoir des enfants biologiquement apparentés. Qui plus est, les ovules fabriqués en laboratoire invalideraient les limites d’âge de la fertilité féminine, permettant aux femmes d’avoir des bébés apparentés à 50, 60 ans, voire plus.

La perspective d’obtenir des ovules à partir d’une prise de sang n’est pas anodine et présente un casus belli éthique majeur. Le processus de Conception pour fabriquer des ovules à partir de cellules souches a nécessité du tissu fœtal humain. La technologie pourrait transformer les œufs en une ressource manufacturée et accélérer le processus de création d’enfants sur mesure.

Les deux concurrents de Conception espèrent également transformer des cellules souches en ovules, mais veulent trouver des moyens plus rapides d’y parvenir. Si la stratégie conventionnelle consiste à imiter le développement du fœtus ils espèrent activer le bon ensemble de gènes, sélectionnés à l’aide d’outils informatiques de prédiction et trouver un raccourci. Le fait qu’aucune de ces jeunes entreprises ne soit très importante reflète les risques scientifiques et éthiques considérables que comporte encore cette technologie. De nombreux chercheurs universitaires continuent de penser que la production d’œufs est une entreprise subtile et complexe qui ne doit pas être précipitée. C’est le cas des biologistes japonais qui ont été les premiers à transformer des cellules de la queue d’une souris en œufs, puis en souris.

La suite ici (Antonio Regalado)

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Fondateur paris-singularity.fr👁️‍🗨️Entrepreneur social trackant les deep techs

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