Des robots remplaceront les enseignants d’ici 2027.
C’est la déclaration audacieuse qu’Anthony Seldon, un expert britannique en éducation, a faite au British Science Festival en septembre. Certains experts ont suggéré que des systèmes autonomes nous remplaceraient dans des emplois pour lesquels les humains sont inadaptés de toute façon, ceux qui sont ennuyeux, sale et dangereux. Et c’est déjà le cas. Les robots nettoient les sites suite à une catastrophe nucléaire et interviennent lors des travaux de construction. Les emplois de bureaux ne sont pas immunisés contre cette prise de contrôle. Les machines remplacent déjà les experts en finance, surpassent les médecins et rivalisent avec les cerveaux de la publicité.
La singularité des exigences imposées par le métier d’enseignant du primaire et du secondaire en font un emploi à considérer à part. Les élèves apprennent tous différemment. Un bon enseignant doit essayer de donner des leçons d’une manière qui « parle » à chaque enfant de la classe. Certains élèves peuvent avoir des problèmes comportementaux ou psychologiques qui inhibent ou compliquent ce processus. D’autres peuvent avoir des parents trop impliqués ou pas assez impliqués dans leur éducation. Les enseignants efficaces doivent être en mesure de naviguer au travers de nombreux obstacles tout en satisfaisant aux exigences du curriculum qui changent souvent. En bref, le travail exige que les enseignants aient des niveaux presque surhumains d’empathie, de courage et d’organisation. Créer des enseignants robotiques capables de répondre à toutes ces exigences pourrait être difficile, mais au final, ces entités améliorées par l’IA pourraient-elles résoudre les problèmes systémiques les plus répandus dans l’éducation ?
Pour atteindre l’objectif fixé par l’UNESCO, à savoir une égalité d’accès à une éducation de qualité, le monde a besoin de beaucoup plus d’enseignants qualifiés. L’organisation a estimé qu’il faudrait ajouter 20,1 millions d’enseignants du primaire et du secondaire à la population active, tout en trouvant des remplaçants pour les 48,6 millions qui devraient partir dans les 13 prochaines années en raison de la retraite, de la fin d’un contrat temporaire ou du désir de changer de métier pour un meilleur salaire ou de meilleures conditions de travail. C’est … beaucoup d’enseignants. L’enseignant robotique pourrait combler, au moins en partie, ces lacunes.
Bien sûr, il faudrat beaucoup de temps et d’argent pour automatiser une profession entière. Mais après avoir assumé les coûts de développement initiaux, les administrateurs n’auraient pas à s’inquiéter du paiement des professeurs numérique. Cet argent économisé pourrait alors être utilisé pour payer les mises à jour nécessaires aux installations ou aux autres coûts associés à la fourniture d’une éducation gratuite à chaque enfant. Les enseignants numérique n’auraient pas besoin de jours de congé et ne seraient jamais en retard au travail. Les administrateurs pourraient télécharger tous les changements apportés aux programmes d’études. Si les IA sont correctement programmées, elles ne montreront aucun biais vis-à-vis des élèves en fonction du sexe, de la race, du statut socio-économique, de la personnalité ou d’autres considérations.
Mais le chemin à parcourir est encore long. Les systèmes éducatifs ne sont si « que grâce aux enseignants qui assurent la scolarité », affirme l’UNESCO, et les robots d’aujourd’hui ne peuvent tout simplement pas égaler les enseignants humains. En réalité, à date, aucun système numérique ne peut rivaliser avec un humain dans ce domaine.
Mais l’IA pourrait endosser un autre rôle : elle pourrait réellement améliorer les enseignants en leur donnant un meilleur aperçu des besoins de leurs élèves.
Les salles de classe pourraient être équipées de processeurs de traitement du langage, d’une technologie de reconnaissance de la parole et des gestes, d’un système de suivi des yeux et d’autres capteurs physiologiques pour collecter et analyser des informations sur chaque élève. Au lieu d’attendre un test ou une main levée pour qu’un élève montre sa compréhension, les enseignants pourraient accéder à de l’information en temps réel qui pourrait leur montrer les difficultés rencontrées par l’élève. Ils sauraient quels élèves ne dorment pas suffisamment, s’ils ont un régime alimentaire inadéquat, s’ils souffrent de stress émotionnel ; des informations qui peuvent affecter la performance d’un élève mais qui peuvent être difficiles à identifier en classe. L’enseignant pourrait utiliser cette information pour adapter ses stratégies d’enseignement aux besoins de chaque élève. Le système pourrait également aider les élèves à modifier leur comportement pour améliorer leur propre performance
Les enseignants, en particulier, sont susceptibles de mieux résister à l’automation parce que l’enseignement est un « processus intrinsèquement humain », a déclaré Terry Heick, fondateur et directeur de TeachThought, un éditeur de matériel didactique et de ressources axées sur l’innovation dans l’éducation. Pour atténuer cette résistance, les chercheurs et les entreprises technologiques pourraient impliquer les enseignants, les parents et les étudiants dans le développement de systèmes d’IA conçus pour la classe, comme Luckin le suggère dans son article. Les parties prenantes pourraient constater que leur contribution et leur expérience sont précieuses ; ils pourraient même identifier les faiblesses des systèmes en cours de développement. Les chercheurs peuvent adapter les systèmes aux besoins des enseignants, des élèves et des parents en améliorant le produit final. Les sceptiques pourraient voir comment l’IA pourrait améliorer l’expérience d’apprentissage.