Malgré les énormes défis que cela représente, de nombreux fabricants chinois œuvrent pour automatiser à une échelle sans précédent leurs usines de production à l’aide des avancées en robotique. La Chine sait qu’elle n’a pas le choix. Son avantage concurrentiel majeur, le coût de la main d’œuvre, n’en est plus un. Des pays concurrents comme le Vietnam, la Thaïlande ou l’Indonésie ont émergé. Les fabricants et les responsables du gouvernement avancent donc « rapidement » leurs pions pour réussir un tour de force : remplacer massivement 100 millions d’employés humains par des machines. Mais cette transition ne sera pas sans impact, à la fois pour le pays et pour le monde.
Actuellement, la Chine fabrique un quart des produits dans le monde. Le miracle économique chinois est d’ailleurs directement attribuable à son industrie manufacturière. Environ 100 millions de personnes y sont employées, et le secteur représente presque 36% du PIB brut du pays. Pour tous les consommateurs, ce boom économique a coïncidé avec l’arrivée de produits low-cost mais aussi d’iPhones ou de télévisions à écran plat abordables. Puis ce moteur de croissance a commencé à stagner. Depuis 2001 les salaires ont augmenté en moyenne de 12%. Pour la première fois depuis la crise de 2009, les exportations chinoises ont chuté l’an dernier. Fin 2015, le Caixin Purchasing Managers’ Index, un indicateur largement utilisé pour évaluer la santé de l’industrie manufacturière, a montré que le secteur s’était contracté pour le 10e mois consécutif. Si le boom industriel de la Chine alimente l’économie mondiale, la perspective de son déclin a déjà commencé à agiter les marchés financiers partout dans le monde. L’automation pourrait-elle constituer la solution ?
La Chine veut donc utiliser des robots et d’autres technologies avancées pour massivement moderniser et automatiser ses structures de production. Elle pourrait ainsi du statut d’usine du monde à celui de hub majeur de l’innovation mondiale. C’est d’ailleurs l’objectif affiché dans le dernier plan quinquennal publié le 16 mars par le gouvernement. Des milliards vont être injecté pour avoir un coup d’avance. Dans deux ans le pays du milieu détiendra un tiers des robots dans le monde. Selon le plan chinois, d’ici 2049, les usines devront être les plus sophistiquées du monde, devant celles de l’Allemagne, du Japon ou des Etats-Unis.
Si des millions de travailleurs chinois ont été recrutés pendant l’essor de l’ère industrielle chinoise, cette profonde et brusque mutation pourrait mettre en péril la société chinoise, et le monde par extension. Certains ouvriers trouveront un autre emploi dans le secteur des services. Mais il est utopique d’imaginer que l’emploi de 100 millions de personnes pourra être facilement et rapidement requalifié. Un changement si soudain pourrait provoquer autant de difficultés économiques que de troubles sociaux. Et ce, sans tenir compte de l’accélération des progrès technologiques.
Et si d’ici 2049 les chaînes de production centralisées avait été totalement décentralisées grâce à la démocratisation et la démonétisation de l’impression 3D ? Dans 30 ans, nous aurons probablement tous accès facilement à une imprimante 3D, et le monde sera en permanence connecté par Internet. Quel avenir pour un modèle de production du 20e siècle dans 30 ans ? La Chine l’a bien entendu déjà envisagé. Le gouvernement œuvre pour former ses futurs adultes, en faisant en sorte par exemple que chaque école élémentaire dispose au moins d’une imprimante 3D. Il serait intéressant aussi de savoir si la Chine travaille en secret sur le revenu de base, comme remède social à une automation de masse.
Quel emploi pourront bien avoir les millions de travailleurs sans emploi ?? La version pessimiste c’est : soldats.. La version optimiste c’est : touristes… La pire version c’est : les deux ensemble..