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Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Et si les AirPods n’étaient pas des écouteurs mais… les 1er implants Apple ? A l’image des lunettes que vous portez sur votre nez toute la journée pour « augmenter » votre vue, ne laissez-vous progressivement de plus en plus les AirPods dans vos oreilles ; jusqu’à vous endormir avec en écoutant une musique, un Podcast… Contrairement à la vision, nous sommes facilement capables d’écouter plusieurs sources de sons simultanément et de sélectionner celui qui retient davantage notre attention. Et si l’oreillette devenait le prolongement encore plus incarnée d’un smartphone déjà très présent dont nous avons de plus en plus de mal à nous passer? En ces temps de confinements, déconfinements incessants, d’isolement au coeur des grandes villes, d’histoires d’amour qui s’écrivent à distance et de rapports humains éclatés, nous dirigeons-nous vers une société davantage déshumanisée… ou au contraire plus humaine car davantage connectée ?
Synthèse
En 2016, Elon Musk a créé une entreprise appelée Neuralink qui a commencé à développer une « machine à coudre » neuronale pour implanter un nouveau type d’électrode filaire. Musk a déclaré que son objectif était d’établir une connexion à haut débit avec les cerveaux humains afin que la société puisse suivre le rythme de l’intelligence artificielle. Le même mois, Facebook annonçait développer un casque de lecture du cerveau « non invasif » pour traduire les pensées en messages sur les médias sociaux. Il s’en est suivi un énorme afflux d’investissements dans des interfaces cérébrales de toutes sortes, notamment des lecteurs d’EEG, des bandeaux magnétiques et de nouveaux types de sondes implantées à haute densité, capables de mesurer les signaux de dizaines de milliers de neurones à la fois. Plus de 300 millions de dollars ont été levés par ces entreprises au cours des 12 derniers mois, même si Facebook a abandonné cette année sa quête.
Neuralink communique avec le public principalement par le biais de présentations théâtrales. En avril 2021, nous avons tous assisté au spectacle d’un singe rhésus nommé Pager jouant au jeu vidéo Pong avec son esprit. Mais la véritable avancée de Neuralink n’est pas visible dans la vidéo : l’implant lui-même. Les concepteurs de puces de la société ont construit un disque de la taille d’une capsule de soda, contenant des processeurs et une radio sans fil, qui se connecte à des électrodes implantées dans le cortex du singe. Le disque affleure le crâne du singe et est recouvert de peau.
Mais les projets à long terme de Musk sont assez clairs : il pense que les cerveaux humains doivent être directement connectés aux téléphones, aux ordinateurs et aux applications. Vous pourriez ainsi effectuer des recherches sur Google directement à partir de votre cerveau, voir vous connecter à l’esprit d’une autre personne, voir et entendre ce qu’elle fait. Selon M. Musk, tout cela fait partie d’une stratégie visant à répondre aux risques existentiels que, selon lui, les futures intelligences artificielles poseront à l’humanité à la manière de Terminator.
Autre société : Blackrock Neurotech, basée à Salt Lake City. L’implant créé par cette dernière, appelé à juste titre « Utah array », est un carré de silicium muni de 100 petites aiguilles, qui est enfoncé dans la surface du cerveau. Blackrock vend principalement des systèmes aux chercheurs qui font des expériences sur des animaux, mais comme les investisseurs ont afflué vers les implants, les observateurs ont parfois apparenté Blackrock et Neuralink aux Lyft et Uber des interfaces cérébrales.
D’autres acteurs voudraient que non seulement la souris de l’ordinateur, mais aussi toute l’interface – y compris l’écran, ou ce qui remplace l’écran – soit intégrée au cerveau. L’un d’eux, Max Hodak, est l’ancien président de Neuralink licencié par Musk en mars. Il a rapidement créé une nouvelle société, appelée Science Corp, avec le soutien financier du milliardaire des crypto-monnaies Jed McCaleb. Hodak dit qu’il prévoit de développer un nouveau type d’implant qui repose sur la rétine et peut envoyer des informations au cortex visuel à l’arrière du cerveau. Au départ, la nouvelle entreprise de M. Hodak cherchera à aider les gens, comme son grand-père, qui est devenu aveugle à cause de maladies de la rétine. Mais un produit médical n’est qu’un prélude à une ambition plus grande : créer un dispositif capable de produire des images dans les yeux de personnes en bonne santé également.
Ce qui soulève des questions quant au danger croissant de lecture et de contrôle de l’esprit. En 2017, l’année même où les projets de Neuralink et d’interface cérébrale de Facebook ont été dévoilés, un groupe de chercheurs se faisant appeler le Morningside Group a ainsi publié un manifeste dans la revue Nature. Il tire la sonnette d’alarme sur la « convergence » entre la technologie du cerveau et les progrès de l’IA. La crainte fondamentale étant que tout ce qui est mauvais sur Internet (désinformation, pirates informatiques malveillants, contrôle gouvernemental, manipulation des entreprises, harcèlement) n’empire si la technologie venait à violer ce que le Morningside Group appelle « la dernière frontière de la vie privée » et à connaître nos pensées.
La suite ici (Antonio Regalado)