Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Les entreprises comme Google et Facebook préfèrent avoir une capacité dédiée pour leur propre usage. C’est en partie pour cette raison qu’elles ont soit investi dans de nouveaux câbles par l’intermédiaire de consortiums, soit, dans certains cas, construit leurs propres câbles. Il y a aussi des enjeux financiers. En détenant les câbles au lieu de les louer auprès de sociétés de télécommunications, Google et d’autres géants de la technologie peuvent potentiellement économiser de l’argent à long terme. Le coût de construction et de déploiement d’un nouveau câble sous-marin ne diminue pas. Mais à mesure que les entreprises trouvent des moyens de véhiculer plus rapidement plus de données à travers ces câbles, leur valeur augmente.
S’il faut saluer tous les efforts visant à démocratiser et démonétiser l’accès à Internet et donc à une meilleure éducation ou santé par exemple, elles semblent pour l’essentiel provenir d’entreprises privés qui y voient avant tout l’opportunité de capter de nouveaux clients/utilisateurs potentiels.
Bien que la démocratisation de l’accès à Internet à l’ensemble de la population mondiale s’accompagnera de certains inconvénients (tels que la multiplication des canaux de désinformation ou de discours haineux par exemple), le consensus général est qu’Internet constituera une force d’autonomisation et de libération considérable, donnant aux gens un accès instantané à l’information et permettant d’innombrables opportunités commerciales et d’apprentissage qui n’existeraient pas autrement.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Dans 15 ans, l’Afrique représentera 20 % de la population mondiale. Aujourd’hui, l’Afrique est le continent le moins connecté.
Après plusieurs années d’attente, d’énormes câbles sous-marins de fibre optique, s’étendant sur des milliers de kilomètres, ont commencé à arriver sur les côtes africaines et européennes. Les impacts attendus seront considérables. Selon des recherches commanditées par Google, le câble Equiano améliorera jusqu’à six fois les vitesses de téléchargement médianes au Nigeria, réduira de 21 % les prix des données commerciales et créera une activité économique qui se traduira indirectement par une augmentation de 10 milliards de dollars du PIB nigérian et la création de 1,6 million d’emplois.
Pendant environ 150 ans, les sociétés de télécommunications ont possédé tous les câbles de télécommunications du monde, vendant le droit de transmettre un message ou de passer un appel. Si la construction de câbles par les géants se poursuit comme prévu, l’avenir de l’internet ressemblera moins à un réseau de réseaux interconnectés qu’à un supranet dominé par une poignée de méga réseaux fonctionnant sur leur propre infrastructure physique mondiale. Pour les régions dotées de réseaux Internet bien établis, l’évolution des géants de la technologie comme Google et Facebook en fournisseurs d’accès à Internet et en fournisseurs d’infrastructure Internet est alarmante et ouvre la voie à des préoccupations antitrust et à des combats de gladiateurs entre ces géants.
Google a investi dans les câbles sous-marins qui constituent l’épine dorsale de ses communications internationales. En 2018, Google a annoncé qu’il prévoyait une série de nouveaux câbles transocéaniques en propriété exclusive, devenant ainsi la première grande entreprise non télécom à le faire. Google n’est pas le seul géant de l’internet à mettre des infrastructures à l’eau. Amazon, Microsoft et Meta ont tous investi dans des câbles transocéaniques, généralement en partenariat entre eux ou avec des entreprises de télécommunications traditionnelles. L’appétit pour le contenu internet explose à l’échelle mondiale ; les câbles existants sont insuffisants pour acheminer leurs produits vers leurs utilisateurs. Disposant d’une grande quantité d’argent, ils ne voient aucune raison d’attendre que les sociétés de télécommunications en construisent de nouveaux. Les fournisseurs de contenu consomment 6,3 % de la capacité totale des câbles internationaux, laissant la majeure partie du reste aux entreprises de télécommunications et à d’autres entités.
Tout dépend donc de la façon dont Google et Meta exploiteront leur contrôle. En 2010, Google, Meta, Microsoft et Amazon ne possédaient collectivement qu’un seul câble longue distance ; d’ici 2024, ils posséderont tout ou partie de plus de 30 câbles. Le câble 2Africa de Meta se connectera également au Portugal avant de faire le tour complet du continent africain, de traverser l’Égypte et de se connecter à nouveau en Europe.
Ainsi, un câble est arrivé pour la première fois à Mombasa un matin de juillet, il y a un peu plus de dix ans. Actuellement, Seacom et ses concurrents rivalisent d’ingéniosité pour vendre de manière rentable de la bande passante aux fournisseurs d’accès Internet africains, aux fournisseurs de contenu internationaux et aux réseaux de télécommunications mondiaux les plus éloignés. Plus la base de clients augmente, plus vous devez mettre à niveau votre système, ce qui réduit la croissance des bénéfices.
Facebook et Meta proposent aux télécoms traditionnelles un modèle économique alternatif. En échange de la prise en charge d’une partie non spécifiée des coûts d’investissement, Meta, par exemple, obtient des liens directs avec les réseaux nationaux et régionaux qui relient les nouveaux câbles internationaux aux « yeux » du pays. Les câbles de Google et de Meta ne sont pas nécessairement rentables en soi, mais servent simplement une stratégie beaucoup plus large – une stratégie qui valorise fortement les liens terrestres vers une méta-connectivité qui peut être exploitée par Meta et Google.