L. Bardon . – Alors que la réglementation des technologies semble marquer le pas aux Etats-Unis, le concept de Metaverse fait le buzz depuis plusieurs mois. S’il semble déjà si complexe de structurer des plateformes bi-dimensionnelles autour de principes éthiques humanistes ; la version 3D pourrait s’avérer encore plus difficile à appréhender. Selon un récent rapport de Bloomberg Intelligence, le Metaverse pourrait approcher les 800 milliards de dollars d’ici 2024, lorsque les jeux en ligne populaires s’étendront à des événements en direct tels que des concerts et tireront parti de la publicité et du contenu généré par les utilisateurs. 2024, c’est demain…
Quand l’ère de l’internet mobile a-t-elle commencé ? Certains feraient commencer cette histoire avec l’apparition des tout premiers téléphones mobiles. D’autres évoqueraient le déploiement commercial de la 2G, qui était le premier réseau numérique sans fil. Ou l’introduction de la norme Wireless Application Protocol, qui nous a donné les navigateurs WAP et donc la possibilité d’accéder à une version (plutôt primitive) de la plupart des sites web à partir de presque n’importe quel « dumbphone ». Ou peut-être cela a-t-il commencé avec la série BlackBerry 85x, les premiers appareils mobiles grand public conçus pour les données en déplacement. La plupart des gens diraient que c’est l’iPhone, qui est arrivé plus d’une décennie après le premier BlackBerry et huit ans après le WAP, près de deux décennies après la 2G, 34 ans après le premier appel téléphonique mobile, et qui a depuis défini de nombreux principes de conception visuelle, d’économie et de pratiques commerciales de l’ère de l’internet mobile.
En vérité, il n’y a jamais de rupture car la véritable (r)évolution technologique implique que de nombreux changements technologiques, au pluriel, se conjuguent. L’iPhone incarne les débuts de l’internet mobile parce qu’il a réuni et/ou distillé toutes les choses que nous considérons aujourd’hui comme « l’internet mobile » en un seul produit minimum viable que nous pouvions toucher, tenir et aimer. Mais l’internet mobile a été créé – et piloté – par bien d’autres choses.
En d’autres termes, il ne faut pas s’attendre à une définition unique et éclairante du « Metaverse ». Surtout pas à une époque où le Metaverse commence tout juste à émerger. La transformation induite par la technologie est un processus trop organique et imprévisible. En outre, c’est ce désordre même qui permet et entraîne une perturbation à si grande échelle. Le Metaverse est considéré comme « un quasi-successeur de l’internet mobile ». En effet, le Metaverse ne remplacera pas fondamentalement l’internet, mais s’appuiera sur lui et le transformera de manière itérative. Il ira un cran plus loin en plaçant tout le monde à l’intérieur d’une version « incarnée », « virtuelle » ou « 3D » de l’internet, et ce de manière quasi permanente. En d’autres termes, nous serons constamment « dans » l’internet, plutôt que d’y avoir accès, et dans les milliards d’ordinateurs interconnectés qui nous entourent, plutôt que de les atteindre occasionnellement, et aux côtés de tous les autres utilisateurs et en temps réel.
Le plus souvent, le Metaverse est décrit à tort comme une réalité virtuelle. En réalité, la réalité virtuelle n’est qu’un moyen d’expérimenter le Metaverse. Dire que la réalité virtuelle est le Metaverse, c’est comme considérer l’internet mobile comme une application. Parfois, le Metaverse est décrit comme un monde virtuel généré par l’utilisateur ou une plateforme de monde virtuel. Ce qui revient à considérer qu’Internet est Facebook. Enfin, le Metaverse n’est pas un jeu vidéo. Les jeux vidéo ont un objectif spécifique, ils ne sont pas intégrés, ils sont temporaires (par exemple, chaque monde de jeu est « réinitialisé » après un match) et le nombre de participants est limité (par exemple, 1 million d’utilisateurs simultanés de Fortnite se retrouvent dans plus de 100 000 simulations séparées). Enfin, le Metaverse n’est pas non plus un assemblage d’outils comme Unreal, Unity, WebXR ou WebGPU.
Le Metaverse, comme l’internet, l’internet mobile et le processus d’électrification, est un réseau d’expériences et d’applications, de dispositifs et de produits, d’outils et d’infrastructures interconnectés.
