L. Bardon . – Un article publié il y a un mois dans le MIT Tech Review exposait la stratégie islandaise contre la propagation de la covid19. Dès les premiers cas détectés, le gouvernement a simultanément mis en place une stratégie de testing à grande échelle et créé une équipe chargée d’interroger les personnes diagnostiquées positives pour identifier avec qui elles avaient été en contact. Début avril, une application type stopcovid, Rakning C-19, était lancée de façon précoce. Cette dernière a été téléchargée par 40% des islandais, soit le taux de pénétration le plus élevé au monde. Pourtant, certains responsables auraient déclaré que l’application avait eu un faible impact. Toute application ne serait utile que si elle était utilisée par au moins 60% de la population. Mais cette affirmation a depuis été réfutée par les chercheurs à l’origine des travaux. Utile ? Peu utile ? Difficile de séparer le bon grain de l’ivraie tant on peut lire tout et son contraire. Considérons donc le fait suivant : nous cédons déjà gratuitement pléthore d’informations personnelles auprès de plateformes géantes et/ou d’applications fun ou qui nous facilitent la vie…
Des dizaines d’applications de recherche numérique de contacts sont déjà déployées dans le monde entier, et beaucoup d’autres sont en cours de déploiement. Se pose donc la question suivante : combien de personnes doivent les utiliser pour que ce soit efficace ? Un chiffre a été avancé à maintes reprises : 60 %. Ce chiffre est tiré d’une étude de l’université d’Oxford publiée en avril dernier. Mais comme aucun pays n’a atteint de tels niveaux, beaucoup ont critiqué les technologies de « notification d’exposition », qu’ils jugent essentiellement sans valeur. Mais pour les chercheurs qui ont produit l’étude originale, leur travail a été profondément incompris. En réalité, des niveaux d’adoption d’applications beaucoup plus faibles pourraient encore être d’une importance vitale pour lutter contre la covid-19. Les modèles d’Oxford ont montré que « l’application a un effet à tous les niveaux d’adoption ».
Le modèle d’Oxford prend en compte de nombreux facteurs qui ont été critiqués. Le document indique que si 80 % de tous les utilisateurs de smartphones téléchargent l’application (un chiffre qui exclut les groupes moins susceptibles d’avoir un smartphone et qui équivaut à 56 % de la population globale) cela suffirait à supprimer la pandémie à elle seule, sans aucune autre forme d’intervention. Si un taux d’adoption plus faible signifie que ces applications ne pourront pas vaincre la maladie à elles seules, cela ne signifie pas pour autant qu’une faible utilisation rend les applications inefficaces.
Certains pays ont atteint des niveaux d’adoption significatifs : l’Islande a atteint un taux d’utilisation d’environ 40 %, tandis que d’autres, comme le Qatar et la Turquie, ont rendu le téléchargement de leurs applications obligatoire.
La suite ici (Patrick Howell O’Neill)