L. Bardon . – Les algorithmes et l’analyse de grandes quantités de données sont de plus en plus intégrés au sein des tribunaux de nombreux pays. La gestion de fichiers, par exemple, permet de réduire les coûts et d’accélérer le traitement des dossiers. L’IA pourrait engendrer à terme un changement beaucoup plus profond. En 2018, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, proposait d’inclure dans le programme de réforme de la justice la possibilité d’utiliser des mécanismes algorithmiques de résolution des litiges pour les affaires judiciaires relativement mineures. Soit environ 2,7 millions de cas. En 2020, en pleine crise covid, DataJust, algorithme capable de calculer les indemnisations des victimes du coronavirus, déclenchait une polémique quant à la mise en place d’une justice « prédictive ».
Des chercheurs du Center for the Governance of Change de l’IE University ont demandé à 2 769 personnes de 11 pays du monde entier ce qu’elles penseraient de la réduction du nombre de parlementaires nationaux dans leur pays et de l’attribution de ces sièges à une IA qui aurait accès à leurs données. Les résultats, publiés récemment, montrent que malgré les limites claires et évidentes de l’IA, 51 % des Européens se disent favorables à une telle mesure.
En dehors de l’Europe, quelque 75 % des personnes interrogées en Chine soutiennent l’idée de remplacer les parlementaires par l’IA, tandis que 60 % des répondants américains s’y opposent.
Les opinions varient aussi considérablement selon les générations, les jeunes étant nettement plus ouverts à cette idée. Plus de 60 % des Européens âgés de 25 à 34 ans et 56 % de ceux âgés de 34 à 44 ans sont favorables à l’idée, tandis qu’une majorité de répondants âgés de plus de 55 ans ne la considèrent pas comme une bonne idée.