Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Des centaines d’”artistes de l’IA” ont émergé ces dernières années. Ces algorithmes complexes créent des œuvres d’art uniques et génèrent des poèmes, des visuels, de la musique ou des scénarios de films. Les œuvres de ces IA artistes soulèvent des questions sur la nature de l’art et le rôle de la créativité humaine dans les sociétés futures.
Un ingénieur de Google a récemment affirmé considérer qu’un chatbot de Google avait une âme. Dans ce contexte, je crains que le Metaverse soit rempli d’agents artificiels contrôlés par l’IA qui ressemblent à des humains et agissent comme tels. Ils auront accès à nos données : nos intérêts personnels, nos croyances, nos habitudes, tout en surveillant notre état émotionnel en lisant nos expressions faciales et nos inflexions vocales. Ils auront donc plus de capacités de ciblage, pour le compte d’annonceurs payants sans que nous nous rendions compte qu’ils ne sont pas réels. Tout comme le chatbot de Google qui aurait une âme… Car des expériences récentes montrent déjà que les visages humains synthétiques sont devenus si convaincants qu’ils trompent même les observateurs expérimentés… Comparativement à aujourd’hui, cet agent artificiel sera donc encore plus puissant dans le Metaverse pour nous engager, et donc nous pousser à toujours plus consommer.
Si les technologies sont le “quoi”, l’humain est le “comment”. A ce titre le Metaverse, mis entre de bonnes mains, pourrait devenir un outil au service d’une société plus équitable. Il pourrait agir comme miroir de l’humanité et éclairer des zones d’ombre, nous permettant ainsi par boucle de rétroaction de corriger des maux de notre société. Utopie direz-vous ? Et pourtant, c’est ce nous vivons actuellement au travers de la problématique de l’éthique des systèmes d’IA utilisés par les géants du web 2.0. Le “techlash”(actions juridiques à l’encontre des GAFA) continue à définir l’état du monde technologique en 2022.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
Le Metaverse n’est plus seulement une utopie issue de livres de science fiction. Il est en cours de construction à grands renforts d’investissements massifs.
Les décideurs politiques et les entreprises technologiques doivent commencer à réfléchir à la manière de garantir les « droits immersifs » de base au sein du Metaverse. A horizon 5 ans, de nombreux consommateurs s’attendent à passer plus de quatre heures par jour dans un Metaverse. Dans le meilleur des cas, le Metaverse constituera une nouvelle source de créativité qui contribuera à élargir la portée (et le sens?) de l’être humain. Dans le pire des cas, il pourrait s’agir d’une technologie profondément oppressive qui donne aux entreprises un contrôle sans précédent sur la société.
Qu’est-ce que le Metaverse ? Il s’agit d’un vaste changement sociétal dans la façon dont nous utilisons le contenu numérique, passant d’un média plat vu à la troisième personne à des expériences immersives vécues à la première personne. Le Metaverse proposera deux types d’interactions : virtuelle et augmentée, qui se chevaucheront mais évolueront à des rythmes différents, impliqueront des acteurs différents et adopteront probablement des modèles économiques différents.
Passer de médias « plats » à des expériences immersives donnera aux plateformes de type Metaverse un pouvoir sans précédent pour suivre, segmenter et influencer les utilisateurs à des niveaux dépassant de loin tout ce que nous avons connu jusqu’à présent. Les plateformes ne se contenteront pas de savoir où les utilisateurs cliquent, mais elles surveilleront aussi où ils vont, ce qu’ils font, avec qui ils sont et ce qu’ils regardent. Les plateformes sauront quels produits vous prenez dans les rayons pour les regarder en magasin, combien de temps vous étudiez l’emballage, et même comment vos pupilles se dilatent pour indiquer les niveaux d’engagement.
Le passage de la publicité traditionnelle à des expériences modifiées par la promotion soulève de nouvelles inquiétudes chez les consommateurs, d’où l’importance pour les décideurs d’envisager des réglementations garantissant des droits immersifs fondamentaux. La publicité est omniprésente dans le monde physique et numérique, mais la plupart des adultes peuvent facilement identifier les contenus promotionnels. Dans le Metaverse, les annonceurs pourraient subvertir notre capacité à contextualiser le contenu promotionnel en brouillant les frontières entre les expériences authentiques rencontrées par hasard et les expériences promotionnelles ciblées injectées pour le compte de sponsors payants. Pour protéger les consommateurs, les tactiques immersives telles que les placements virtuels de produits et les porte-parole virtuels devraient être réglementées.
Le Metaverse aura un impact majeur sur notre société. Si de nombreux effets seront positifs, nous devons protéger les consommateurs contre les dangers potentiels. Pour faire face à ces risques, les décideurs politiques doivent envisager des restrictions sur les plateformes pour garantir les droits fondamentaux dans les mondes immersifs. Au minimum, chaque individu devrait avoir le droit de mener sa vie quotidienne sans faire l’objet d’un profilage émotionnel ou comportemental.
La suite ici (Louis Rosenberg)