L. Bardon . – Les robots peuvent choisir leur partenaire, avoir des relations sexuelles et “enfanter” leur propre “robot bébé.” C’est ce qu’une équipe de scientifiques de la Vrije Universiteit d’Amsterdam a prouvé via son « Robot Baby Project » il y a 5 ans. Ces derniers ont réussi à “concevoir” le premier bébé du monde “né” de parents robots. Bien sûr, les robots ne sont pas réellement rencontrer, n’ont pas eu de rendez-vous amoureux, n’ont pas eu réellement de relations sexuelles, et n’ont pas donné naissance à un bébé de la même façon que les humains ou les animaux. Mais l’idée a commencé sur un concept similaire.
Des robots d’avant garde seront nécessaires si les humains doivent un jour s’installer sur d’autres planètes. Envoyés en amont pour créer des conditions favorables à l’humanité, ces robots devront être résistants, adaptables et recyclables s’ils veulent survivre dans les climats cosmiques inhospitaliers qui les attendent. Les robots ont parcouru un long chemin depuis nos premières incursions maladroites dans le mouvement artificiel il y a plusieurs décennies. Aujourd’hui, des entreprises telles que Boston Dynamics produisent des robots ultra-efficaces qui chargent des camions, construisent des palettes et déplacent des boîtes dans des usines, accomplissant des tâches que l’on pourrait croire réservées aux humains.
Malgré ces progrès, la conception de robots capables de travailler dans des environnements inconnus ou inhospitaliers – comme les exoplanètes ou les fosses océaniques profondes – représente toujours un défi considérable pour les scientifiques et les ingénieurs. Dans le cosmos, quelle forme et quelle taille devrait avoir le robot idéal ? Devrait-il ramper ou marcher ? De quels outils aura-t-il besoin pour manipuler son environnement et comment survivra-t-il à des conditions extrêmes de pression, de température et de corrosion chimique ? Mais l’évolution artificielle actuelle d’objets physiques en mouvement nécessite encore une grande supervision humaine et une boucle de rétroaction étroite entre le robot et l’homme. Si l’évolution artificielle doit concevoir un robot utile pour l’exploration exoplanétaire, nous devrons supprimer l’humain de la boucle. Par essence, les robots évolués doivent se fabriquer, s’assembler et se tester de manière autonome, sans surveillance humaine.
C’est exactement ce que vise le projet Autonomous Robot Evolution (ARE), qui réunit des scientifiques et des ingénieurs de quatre universités dans le cadre d’un ambitieux projet de quatre ans destiné à développer cette nouvelle technologie radicale. Comme illustré ci-dessus, les robots seront « nés » grâce à la fabrication en trois dimensions. Ce système hybride introduit un nouveau type d’évolution : de nouvelles générations peuvent être produites à partir de l’union des traits les plus performants d’une « mère » virtuelle et d’un « père » physique. En plus d’être rendus dans un simulateur, les robots « enfants » produits par l’évolution hybride sont également imprimés en 3D et introduits dans un environnement réel de type crèche. Les individus les plus performants au sein de ce centre d’entraînement physique mettent leur « code génétique » à disposition pour la reproduction et l’amélioration des générations futures, tandis que les robots moins « aptes » peuvent simplement être emportés et recyclés en de nouveaux robots dans le cadre d’un cycle évolutif continu.
Dans ce nouveau paradigme radical, les robots sont conçus et nés, plutôt que conçus et fabriqués. Ces robots modifieront fondamentalement le concept de machine, en présentant une nouvelle race capable de changer de forme et de comportement au fil du temps.