Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Et si il était temps de commencer à parler de l’éthique de la blockchain ? L’été dernier, j’évoquais les rumeurs autour du projet de startup « WorldCoin » porté notamment par Sam Altman. Sous couvert de redistribution des richesses, l’essence même du projet soulève des questions relatives à la propriété et l’exploitation de données sensibles. En ce sens, le projet Worldcoin rappelle les critiques vis-à-vis du programme Building Blocks du Programme alimentaire mondial qui favoriserait une sorte de “cryptocolonialisme”. Building Blocks est conçu pour permettre aux gens d’accéder en toute sécurité à une aide pour répondre aux besoins en matière d’alimentation, de nutrition, d’éducation, de santé… Building Blocks permet aux gens de recevoir différents types d’aide de plusieurs organisations humanitaires en une seule fois, réduisant ainsi la complexité de l’accès à l’aide humanitaire. Building Blocks a débuté sous la forme d’un pilote de 100 personnes au Pakistan, avec le soutien de l’accélérateur d’innovation du Programme Alimentaire Mondial. Depuis 2017, Building Blocks est passé à l’échelle pour fournir des transferts en espèces d’une valeur de 309 millions de dollars à 1 million de réfugiés au Bangladesh et en Jordanie, ce qui en fait la plus grande mise en œuvre au monde de la technologie blockchain pour l’aide humanitaire.
Synthèse
Sam Altman veut donner à chaque personne sur la planète de l’argent gratuitement ; ou plutôt des cryptomonnaies gratuitement. Le projet Worldcoin, cofondé par Altman au début de l’année, a levé 25 millions de dollars à ce jour auprès de grands noms tels qu’Andreessen Horowitz et Coinbase Ventures. M. Altman pense qu’en tirant parti de l’effet de réseau lié à la distribution d’une part du gâteau à chaque être humain sur Terre, le WorldCoin pourrait devenir une monnaie électronique mondiale équitablement distribuée.
Selon le matériel promotionnel de Worldcoin, la société est née de la conviction que la technologie des cryptomonnaies, si elle était adoptée à l’échelle mondiale, « ouvrirait des portes sociales et économiques à des milliards de personnes » – ce qui ouvre les portes au concept de revenu de base universel. Aujourd’hui le constat vis-à-vis de l’adoption des principales crypto-monnaies comme le Bitcoin et l’Ethereum est simple : selon une étude de la société d’analyse blockchain tripleA 300 millions de personnes, soit 3,9 % de la population mondiale, posséderont une crypto-monnaie en 2021. Et la répartition n’est certainement pas équitable, un petit groupe de « baleines » puissantes et puissantes contrôlant au moins 70 % de l’offre mondiale de bitcoins.
Tout ce que vous aurez à faire pour obtenir votre Worldcoin gratuit, dont la valeur sera déterminée par la rencontre de l’offre et de la demande une fois que la pièce sera lancée et cotée sur les bourses en ligne, est de scanner vos yeux. Afin de s’assurer que chaque personne ne reçoive que sa part équitable de Worldcoin, l’entreprise a créé un dispositif sphérique, appelé Orb, qui vérifie les caractéristiques uniques de l’iris des personnes afin de déterminer si elles ont droit à certaines pièces. La société distribuera des milliers de ces dispositifs à des entrepreneurs du monde entier, qui seront eux-mêmes chargés de trouver des personnes à scanner et à doter de Worldcoin – et qui recevront une récompense en Worldcoin pour chaque personne inscrite.
Selon Worldcoin, la numérisation de l’iris a été choisie comme méthode de « preuve de l’identité de la personne » en raison du faible taux de faux négatifs et positifs (en d’autres termes, l’iris est plus unique que les autres mesures biologiques). Mais ce choix, ainsi que l’aspect vaguement inquiétant des Orbs, ne manquera pas de déclencher des soupçons sur une autre société technologique californienne qui en aurait après vos données.
Au cours du projet pilote, plus de 130 000 utilisateurs ont réclamé leurs Worldcoins. À ce jour, le projet a utilisé 30 Orbs gérés par 25 entrepreneurs dans divers pays, dont le Chili, le Kenya, l’Indonésie, le Soudan et la France. La production de nouveaux Orbs sera portée à 50 000 dispositifs par an, chiffre sur lequel se fonde la projection d’un milliard d’utilisateurs.
La date de lancement de la pièce, qui sera publiée sous la forme d’un jeton ERC-20 sur la blockchain Ethereum, n’a pas encore été communiquée. Selon une personne au fait de la question, le lancement devrait avoir lieu au début de 2022.
La suite ici (Gian M. Volpicelli)