Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.
Pourquoi cet article est intéressant ? L. Bardon . – Il existe des limites de décentralisation réalisables dans un système fonctionnel. Plutôt que de poursuivre un faux débat sur la question de savoir si la technologie de la prochaine génération doit être centralisée ou décentralisée, nous devrions nous demander comment organiser au mieux le modèle de décentralisation souhaitable. Un tel débat exige de formuler précisément ce que nous attendons de la décentralisation.
Les systèmes “centralisés” existants sont loin d’être aussi centralisés que les défenseurs du Web3 le décrivent généralement. Les banques “traditionnelles” délèguent de nombreuses activités aux succursales locales, et même les banques centrales sont souvent des consortiums. En terme d’architecture informatique, les clouds “centralisés” sont rarement aussi centralisés dans la pratique. Ils sont généralement dispersés sur plusieurs sites géographiques et sont utilisés pour entrâiner de grands modèles d’apprentissage automatique de manière distribuée. D’autre part, de nombreux critiques du Web3 ont souligné les inefficacités extrêmes qui accompagnent les architectures décentralisées proposées, ainsi que la réapparition inévitable de “centres” dans le Web3 (plateformes NFT, échanges de devises, fournisseurs de portefeuilles).
Le Web 3.0 rééquilibre la dynamique du pouvoir entre les utilisateurs et les plateformes en donnant aux utilisateurs le contrôle de leurs données. Grâce à l’interopérabilité et à la portabilité fournies par des plates-formes de gestion des données des plates-formes Web 3.0 permettent aux utilisateurs de “voter” et de passer facilement d’une plate-forme à une autre. Ces plates-formes sont même détenues par les utilisateurs et dirigées par la communauté. Les incitations sont donc alignées pour que les communautés se modèrent elles-mêmes via des mécanismes de gouvernance et de modération intégrés.
Le présent est la bêta version du futur.
Synthèse
L’émergence du web3 promet une transformation vers un internet meilleur et plus équitable. Ses partisans envisagent un internet dans lequel les utilisateurs reprennent une partie du pouvoir à un petit nombre d’institutions extractives et centralisées. Mais le web2 a commencé avec le même type de promesse. Aujourd’hui, à l’aube d’une nouvelle ère de l’internet, le web3 démocratise-t-il réellement les opportunités ? Et si ce n’est pas le cas, comment pouvons-nous mieux concevoir les plateformes et les systèmes de gouvernance pour promouvoir l’équité ? Quel type d’internet devrions-nous créer ?
Le Web3 représente une réelle chance de créer un meilleur Internet. Nous devons donc le concevoir selon des principes qui permettront d’y parvenir. L’expérience de pensée de John Rawls, connue sous le nom de « voile d’ignorance », permet de raisonner sur les principes permettant de déterminer la répartition équitable des ressources dans une société. Le Web3 offre la possibilité de construire un tout nouvel internet – voire de toutes nouvelles économies – en partant de zéro.
- Promouvoir l’autodétermination et le pouvoir d’action : contrairement aux plateformes web2, où les fondateurs, les cadres de l’entreprise et les actionnaires détiennent tout le pouvoir, les communautés web3 seront contrôlées par leurs membres. Tout le monde devrait avoir le même droit de vote dans les systèmes auxquels il participe.
- Récompenser la participation, et pas seulement le capital : il existe d’autres façons d’apporter de la valeur à un écosystème que par le biais du capital – et de plus, cette valeur devrait pouvoir être gagnée plutôt « qu’achetée ». Une étape importante pour aligner le web3 sur les principes de justice et d’équité est de s’assurer que tout le monde est sur un pied d’égalité et peut atteindre des positions de pouvoir ou de compensation grâce à ses propres mérites et contributions.
- Inclure des initiatives qui bénéficient aux personnes défavorisées : le principe de différence repose sur l’idée que l’inégalité, en soi, n’est pas une mauvaise chose. Mais lorsque des inégalités apparaissent, ces dispositions profitent-elles aux moins privilégiés de la société ? Tous les réseaux web3 devraient être incités à maximiser les avantages pour les moins bien lotis.
Un Internet équitable et juste est possible. Le Web3 offre l’opportunité d’un changement de cap significatif – une chance de réimaginer l’internet et de construire de nouvelles plateformes.