Grâce à CRISPR, les embryons des enfants de nos enfants seront « scannés » et leurs génomes édités. Pour autant cela ne changera pas fondamentalement le caractère humain de nos petits enfants. Ils ne deviendront pas des « super-humains ». Cela vous choque ? La vaccination préventive que nous considérons comme allant de soi en 2015 sera simplement plus évoluée. Par analogie la vaccination allait-elle de soi du temps où nos grands-parents étaient des nouveaux nés ? Si nous avons la technologie pour vivre mieux, elle pose aussi la question suivant : comment les bébés seront « conçus » dans le futur ?
En Avril dernier des chercheurs chinois ont annoncé avoir, pour la première fois, essayé d’éditer et corriger un gène défectueux sur des embryons humains. Sur 80 embryons, une poignée seulement a été « réparée ». Un autre scientifique a utilisé CRISPR pour éditer le gène responsable de la cataracte chez une souris. Cette fois les nouveaux nés ont été 100% réparés. Pour obtenir ce résultat, l’équipe de Jinsong Li, biologiste pour le Shanghai Institutes for Biological Sciences, a édité le sperme des souris plutôt que les embryons.
Si CRISPR est une opportunité formidable pour éradiquer la plupart des maladies, les questions éthiques que la technologie soulève touchent jusqu’à notre vie intime.
Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour vivre mieux et plus longtemps ?
Est-ce que dans le futur les embryons de nos petits-enfants seront « réparés » dans des laboratoires avant d’être inséminés pour se développer dans le ventre de leur mère ? Est-ce que la gestation naturelle aura encore un sens, est-ce qu’elle sera la norme ? Est-ce qu’elle sera même autorisée ? Est-ce que les couveuses de laboratoire ne seront pas aussi voir plus « performantes » que leur équivalent biologique ? Sommes-nous prêts à cela pour vivre mieux et plus longtemps ? Autant de questions éthiques dont l’impact est sans précédent.
Si la Chine ne semble pas s’embarrasser de considérations éthiques, nos voisins anglais ont soulevé le sujet il y a plusieurs mois. Mais en France on attend de voir ce que vont faire les autres avant d’envisager la possibilité d’éventuellement considérer qu’il faudrait peut-être songer à commencer à en parler… C’est ce qu’on appelle le principe de précaution. Évitons le plus longtemps possible le sujet mais avec précaution.
Nous avons le devoir moral de nous emparer de CRISPR
Oui ce pouvoir implique une immense responsabilité. Moratoire, pause, utilisation contrôlée ou massive ? Les opportunités sont trop considérables pour être balayées d’une seule main. Les opportunités sont trop considérables pour laisser quelques politiciens, quelques médecins ou quelques scientifiques, décider pour l’humanité. Réveillons nous et adoptons une vision technoprogressiste : utilisons la technologie dans un cadre précis et encadré pour améliorer nos conditions de vie. Participons à la définition de ce cadre. Devenons des éclairés.
Les impacts dépassent-elles les capacités analytiques de l’Homme ? Pourquoi ne pas envisager que les scientifiques collaborent avec une intelligence artificielle pour surveiller, étudier et mesurer les bénéfices et dangers à mesure que nous utilisons CRISPR, d’abord pour éradiquer les maladies orphelines dans un premier temps ?
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