Selon Mark Kennedy : « All of the biggest technological inventions created by man – the airplane, the automobile, the computer – says little about his intelligence, but speaks volumes about his laziness. » Autrement dit l’Homme a toujours fabriquer des machines pour se simplifier la vie, c’est dans sa nature. Ce côté libérateur nous permet de repousser sans cesse les frontières de notre compréhension du monde, « d’augmenter » notre compréhension. A force, la Terre pourrait finir par nous sembler plate. Espérons que Galilée ne se retourne pâs dans sa tombe.
S’il est naturel de ne mettre qu’une dizaine d’heures pour aller en Chine aujourd’hui, qu’aurait dit Marco Polo ? Nous avons atteint une limite pensez-vous ? Pourtant des entreprises travaillent depuis des années sur la prochaine génération d’avions. Ils seront supersoniques et vous permettront un jour de vous rendre au Japon en 2h30 (Paris-Tokyo dure un peu plus de 11 heures aujourd’hui). En parallèle l’Hyperloop va aussi bouleverser notre perception de l’espace temps ; un parisien ne serait plus qu’à 40 minutes de Marseille si la promesse est tenue, comme s’il prenait le RER.
Internet est bien sûr libérateur. Vous pouvez aujourd’hui quasiment communiquer avec la moitié du monde instantanément. Demain vous le ferez en réalité virtuelle et vous ne ferez pratiquement plus la différence. Dans une dizaine d’années, un enfant en Inde aura autant accès au monde qu’un entrepreneur de la Silicon Valley. La conjugaison d’Internet et de l’impression 3D recentrera la valeur non pas sur les capacités de fabrication d’un produit mais sur sa conception, ce qui fera tomber les barrières à l’entrée protégeant d’énormes marchés aujourd’hui. C’est un peu ce qui s’est passé avec la presse ou l’industrie de la musique par exemple. Et ça n’est pas fini pour cette dernière, qui a dit blockchain ?
Imaginez donc pouvoir vous rendre n’importe où dans le monde en moins d’une demie-journée. Imaginez pouvoir proposer votre idée n’importe où, n’importe quand, à n’importe qui. Pour échanger avec n’importe qui, il resterait néanmoins un obstacle majeur : la langue. Ce dernier est aussi en train de voler en éclat.
Je sais ce que vous allez me dire : Google translate est nul. Je vous répondrais par ce fameux crédo : si les progrès technologiques sont toujours sur-estimés à court terme (oui Google translate est largement améliorable aujourd’hui), ils sont toujours largement sous-estimés à long terme. Personne n’avait vu venir Internet en 1995. Personne n’avait vu venir les réseaux sociaux 10 ans plus tard. Aucun expert en intelligence artificielle n’avait prédit la victoire d’AlphaGo, l’intelligence artificielle de Google (DeepMind), cette année. Ils estimaient tous que cela prendrait encore 10 ans.
Et figurez vous que Facebook et Google ont décidé de s’attaquer très sérieusement à la barrière de la langue cette année à coup de réseaux neuronaux.
Il y a une dizaine de jours une entreprise basée à New York, Waverly Labs, dévoilait the Pilot, une paire d’écouteurs conçue pour traduire en temps réel une conversation entre deux personnes. Si l’entreprise va d’abord se concentrer sur les langues européennes, the Pilot intégrera assez rapidement d’autres langues : asiatiques, slaves… Les écouteurs seront disponibles pour 410$ en 2017. Ne nous emballons pas encore. Vous vous souvenez ? Nous surestimons souvent les progrès court terme. A contrario, à long terme, les produits du futur seront encore bien plus performants que the Pilot.
https://www.youtube.com/watch?v=G6SFbSD63IQ
Alors ça va changer quoi ? Vous allez peut-être me prendre pour un fou : un enfant de moins de 10 ans n’aura jamais besoin d’apprendre une langue étrangère. Peu d’entre nous font du cheval depuis que la voiture existe… Vos enfants pourront apprendre par plaisir ou envie, et plus par nécessité. Tout comme ma génération avait le choix d’apprendre latin ou le grec ancien. Si les professeurs d’anglais ou d’allemands ont du souci à se faire, les experts linguistes travailleront probablement sur l’amélioration continue des algorithmes de traduction dans le futur. Les langues évoluent sans cesse.
En résumé, plus de barrières liées à la distance ou à la langue. Le modèle estonien de Country As A Service ne vous semble-t-il pas dans la continuité de cette rupture ?