L’idée est simple : commencer par enseigner à 1 % de la population du pays, soit environ 55 000 personnes, les concepts de base sous-jacents à l’intelligence artificielle (IA), et s’appuyer progressivement sur ces personnes au cours des prochaines années.
Initialement conçu à l’origine comme un cours universitaire en libre accès, le programme finlandais d’IA « 1 % » est actuellement mis en œuvre à l’échelle nationale avec le soutien d’entreprises privées et de l’État. Pour Helsinki, la formation d’un grand nombre de Finlandais sur les bases de l’IA présente également un intérêt économique évident : cela pourrait permettre à la Finlande de rester compétitive dans un contexte de concurrence de plus en plus vive entre la Chine et les États-Unis, et à la suite du déclin rapide de Nokia, le champion national mobile qui connaît des temps difficiles.
La classe ne nécessite pas de compétences en codage et ne vise pas à former une nouvelle génération de développeurs à la pointe de la technologie. L’objectif est plutôt de sensibiliser les gens qui ne connaissent pas l’informatique aux possibilités et aux risques de l’IA, afin qu’ils puissent décider eux-mêmes de ce qui est bénéfique et de ce dans quoi ils souhaiteraient que leur gouvernement investisse.
Pour que le cours ne passe pas inaperçu en dehors des cercles d’experts, les personnes derrière ce programme ont eu l’idée de le promouvoir en le liant à un objectif ambitieux : ils ont convaincu certains des plus grands employeurs du pays de les rejoindre et ont annoncé qu’à la fin 2018, le cours permettrait à au moins 1% de la population finlandaise de bénéficier d’une formation en IA. Rapidement, l’initiative a accéléré. Mi-décembre, plus de 250 entreprises ont annoncé qu’elles participeraient à l’initiative baptisée « AI challenge ».
En octobre 2017, la Finlande a été le premier pays de l’UE à formaliser par écrit une stratégie nationale d’IA. Dans un deuxième rapport publié en juin 2018, le gouvernement a estimé qu’environ un million de personnes auraient éventuellement besoin de mettre à jour leurs compétences en IA. Dans le même temps, la Finlande envisage de s’associer à l’Estonie et à la Suède, pays limitrophes, pour devenir le premier » laboratoire » d’Europe en matière d’essais sur l’IA. Et le pays veut utiliser sa voix au sein de l’Union européenne, où il doit prendre la présidence du Conseil cet été, pour faire pression en faveur d’un assouplissement de la réglementation.