L’immobilier numérique et la crise du logement (numérique)

deep tech innovatio jeux vidéo Metaverse
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Image by Egnez from Pixabay

Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme.

Pourquoi cet article est intéressant ?  L. Bardon . – L’industrie des jeux vidéo devient plus importante que le marchés des films, des émissions de télévision et de la musique réunis. Les joueurs socialisent, achètent et vendent des objets virtuels dans des jeux comme Minecraft, Decentraland, The Sandbox, Roblox, etc… Si la réalité des promesses de certains projets est à prendre avec des pincettes, les géants du gaming aussi oeuvrent sur la création du Metaverse.

❌Roblox n’est plus le bac à sable peu surveillé qu’il était autrefois. La société qui le possède est entrée en bourse et est évaluée à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Des dizaines de millions de personnes jouent quotidiennement à ce jeu. Les politiques de modération sont plus strictes et sont appliquées par une équipe d’humains et d’IA. Vous ne pouvez pas appeler les gens vos esclaves. Vous ne pouvez pas avoir de croix gammées. En fait, vous ne pouvez pas porter d’insignes allemands datant d’entre 1939 et 1945. Pourtant, le Roblox d’aujourd’hui ne rassemble pas que des sirènes et des pizzaiolos. Or, le recrutement radical dans les jeux est un sujet délicat à étudier. D’autant que toutes les données utiles sont enfermées dans des bases de données privées.

 ✅Aujourd’hui, les plateformes virtuelles les plus populaires sont Roblox et Minecraft, et, dans une moindre mesure, Grand Theft Auto Online et Fortnite Creative Mode (puisqu’il ne s’agit que d’un sous-ensemble de leurs jeux principaux). Tous les chiffres sont en forte hausse depuis dix ans et, du moins jusqu’à présent, de façon durable après la pandémie… Ce n’est pas une coïncidence si toutes les principales plates-formes virtuelles actuelles sont issues des jeux. Les jeux ont longtemps été les simulations les plus complexes, les plus étendues et les plus variées, car aucune autre expérience grand public ne nécessitait une puissance de calcul comparable. Et parce que ces expériences ont été conçues pour être amusantes, et pour être un Metaverse, elles ont également attiré et retenu un plus grand nombre d’utilisateurs et des dépenses plus importantes.  

🌊Le présent est la bêta version du futur.


Synthèse

Et si les jeux mettant en scène de “biens immobiliers numériques” généraient des bulles de spéculation immobilière numérique faisant perdre aux joueurs, aux développeurs et aux investisseurs d’importantes sommes d’argent ?

L’immobilier numérique n’est pas un phénomène nouveau. Or l’histoire montre régulièrement que lorsque le “terrain numérique” ressemble suffisamment aux propriétés économiques d’un terrain physique, on assiste à une spéculation foncière numérique, à des crises immobilières numériques, voire à de véritables récessions numériques.

AInsi, les terrains du jeu Axie Infinity confèrent de nombreux avantages dans le jeu, notamment le droit de percevoir un loyer qui peut être échangé contre de l’argent réel. Par ailleurs, une prochaine phase du jeu encouragera les joueurs à créer de nouvelles expériences interactives, mais cette activité ne sera ouverte qu’à ceux qui ont accès à des terrains.

Voilà probablement ce qu’il risque de se passer : des spéculateurs vont acheter toutes les terres et les conserver. Si conserver cet actif rare dont tout le monde a besoin et qu’on veut ne génère aucun coût ou charge, et si cet actif prend de la valeur de manière prévisible, les spéculateurs vont simplement s’asseoir dessus et regarder le prix s’envoler. Cela aura un effet négatif sur l’ensemble de l’économie du jeu, et les spéculateurs s’enrichiront aux dépens de tous les autres. Tous ces discours sur les créations émergentes et spontanées des utilisateurs, construites sur une belle “nation numérique”, s’arrêteront net, écrasés par le poids de parasites à la recherche de rente. Ultima Online, Final Fantasy XIV et EVE Online sont tous des exemples marquants de mondes virtuels dotés d’économies internes sophistiquées qui ont tous souffert d’une pénurie de terres numériques alimentée notamment par la spéculation.

Depuis que la notion d’immobilier numérique existe, la pénurie de terrains numériques engendre des crises. L’immobilier, qu’il soit numérique ou physique, se compose de deux éléments : le terrain et les améliorations. Parmi les améliorations, citons les bâtiments que vous construisez, les cultures et les vergers que vous plantez etc… Les améliorations sont donc une sorte de capital, contrairement au terrain en tant que tel. La principale différence avec le monde physique réside dans le fait que vous pouvez fabriquer plus de capital, mais pas plus de terre. C’est de cette propriété et de quelques autres que proviennent tous les problèmes. Les créateurs de mondes virtuels sont libres de fixer les règles comme ils l’entendent, mais plus les terres numériques commencent à ressembler aux terres physiques, plus les dommages causés par la spéculation foncière numérique s’aggravent.

Aucune loi physique n’empêche de créer davantage de terrains numériques. Il s’agit donc d’un choix délibéré, fait par le propriétaire de la plateforme, visant à maintenir la rareté des terrains numériques.

Dans le monde réel, n’importe quel agent immobilier vous dira que trois facteurs déterminent la valeur d’une propriété : “l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement”. Mais la valeur de l’emplacement dépend beaucoup des lois de la physique.  Dans le monde numérique, votre monde n’a même pas besoin d’être euclidien, et les portails et les sorts de téléportation sont extrêmement courants. Les options de voyage rapide, l’instanciation et les “dimensions de poche” qui sont plus grandes à l’intérieur qu’à l’extérieur permettent aux mondes numériques de contourner les restrictions qui rendent les terres physiques si précieuses – mais seulement s’ils le choisissent.

Dans le monde physique, tout ce que vous faites dépend de l’accès à la terre. Il n’en va pas forcément de même dans le monde numérique. Dans de nombreux mondes virtuels, être numériquement “sans abri” n’a pas d’impact. Vous êtes toujours en bonne santé, productif, et même riche sans posséder un endroit virtuel appelé maison. Si vous voulez aller dormir, il vous suffit de vous déconnecter.

Étant donné que le terrain numérique ne doit pas ressembler au terrain physique, sauf par choix délibéré, il est frappant de voir que la pénurie de terrain numérique se manifeste d’une manière qui fait fortement écho à ce que nous voyons dans le monde réel.

Si vous vous êtes engagé dans un monde virtuel avec la promesse de terres numériques rares, où la terre est un facteur de production nécessaire, et où la valeur de la terre augmente proportionnellement à sa proximité avec des centres de population, alors vous devez probablement imposer une taxe sur la valeur des terres numériques pour vous assurer que les seules personnes qui tentent d’acquérir des terres sont celles qui ont l’intention d’en faire quelque chose de valable. Surtout si vous avez fondé tout votre monde virtuel sur le principe de la création d’une “économie distribuée” où les joueurs “construiront le Metaverse ensemble”.

Malheureusement des configurations comme celle d’Axie incitent les gens à faire exactement le contraire – s’emparer de terres précieuses, les conserver pour toujours, ne pas construire dessus, et faire payer un loyer aussi élevé que possible aux locataires créatifs et productifs qui veulent réellement construire des choses cool. Ce “fardeau excessif” fait des ravages et dégrade la production créative. La bonne nouvelle, c’est qu’une taxe sur la valeur foncière numérique permettrait de réaligner les incitations. Pour que les joueurs fassent le meilleur usage possible de l’espace numérique, c’est la meilleure façon de procéder : taxer le terrain, mais ne pas taxer les améliorations et les bâtiments.

Dans l’espace numérique, vous pouvez résoudre ce problème en produisant davantage (augmenter l’offre), en diminuant les avantages matériels et immatériels (réduire la demande), ou en appliquant une taxe pour inhiber la spéculation. Tout cela aura pour effet de rendre l’économie numérique plus productive en supprimant le poids négatif de la spéculation et de la perte sèche.

La suite ici (Lars Doucet)

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Fondateur paris-singularity.fr👁️‍🗨️Entrepreneur social trackant les deep techs

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